En vrac de mai
Après quelques soupçons de chaleur, la météo se fait plus capricieuse qu’une enfant rebelle. S’il fait soleil, un petit vent du Grand Nord vient refroidir les ardeurs, l'on déchante vite! L'on a presque envie de fuir dès le premier nuage! Heureusement que l’on a profité un maximum du beau temps de la fin de semaine dernière! Juan a réparé notre galerie à moitié démolie par l’hiver. J’ai sorti mon short pour essayer de colorer la pâleur de mes cuisses et j’ai mis les deux mains dans la terre pour travailler mon jardin. Mes pousses de tournesols cohabitent avec mes vivaces et quelques pots fleurissent mon entrée.
J’ai opté, cette année, pour décorer les marches de la galerie, avec des roses miniatures. Je fais (en hommage à ma grand-mère disparue) une petite réserve de géraniums. M’zelle Soleil, plus sage que la météo, s’amuse à faire un feu de joie avec son père avant de m’entraîner en compagnie de Raphy sur la trampoline de son parrain. Pendant qu’elles s’amusent comme des chipies, je me plie à leurs quatre volontés pour me retrouver bien courbaturée le lendemain! J'apprivoise ces nouveaux muscles qui me dessinent. J’écris des brouillons d’idées au sujet de la petite enfance, de ce que j'en apprends et comprends, des textes que je n’arrive pas à finir, le temps me file entre les doigts. M'zelle Soleil aspire mes concentrations. Je me perds les idées dans le vert des arbres qui bruissent de nouveau. Je profite d’une visite de Miss Dee pour concocter une version personnelle de ces biscuits aux graines de sésame. Légers et croustillants l’homme n’en fait qu’une bouchée. Depuis quelques jours, une idée saugrenue se ballade dans mes ambitions cuisinières, si j’avais plus de talent et des orties sous la main, je me lancerai dans cette recette-ci. Bien qu’il y ait aussi la confiture de pissenlit qui me fasse envie! Dans ces moments là, l’homme ne regrette pas mes faibles aptitudes culinaires!
Cette semaine il aura fait chaud au soleil mais on se les gèle dans le moindre souffle de vent. La pluie aura verdit la nature et les nuages auront tourmenté le lac. La plage est déserte mais cela n’empêche pas les bateaux d’arriver. En un coin privé, suivie de ma fidèle Chanelle, je vais inspirer les vents qui y soufflent. Ils pincent méchamment la peau. Je bats en retraite. Il fait beau mais vraiment pas chaud. Mon brin de fille attrape une petite grippette! Une petite gripette que je finis par attraper aussi mais qui me met pas mal plus sur le carreau qu’elle! Les enfants sont plus forts qu’on a tendance à le croire! Ce qui ne finit pas de m’étonner c’est de la voir sauter dans tous les sens pendant que je traîne ma petite misère et pourtant nous sommes sur la même galère! Le bordel profite de mes faiblesses pour s’installer à son aise. Je pense à l'océan qui nous attend. Par chez moi, le lac rugit des airs de printemps aux rythmes des vagues qui se brisent sur le sable. Je passe des heures à organiser notre escapade acadienne. Québec se fait toute belle pour les fêtes du 400iéme. Le prix de l'essence n’en finit plus de grimper. La crise alimentaire mondiale fait de plus en plus de bruit. C’est un écho qui cogne à ma cervelle dès que j’ose faire le plein de l’auto. De plus, je remarque que mon panier d’épicerie est plus pesant sur notre portefeuille qu’auparavant...
J’écoute les rumeurs de sociétés qui me rendent perplexes. Je réalise plus que jamais notre dépendance à l’essence. L’humanité entière est une junkie. Une junkie à l’or noir. Pendant que les pétrolières s’en mettent plein les poches, le commun des mortels est accro à sa dose. Mais pourquoi ne voit-on l'émergence de nouvelles technologies, de nouveaux moteurs? J'ai peine à croire que l'on ne possède pas de solutions alternatives. Sinon on "roule" certainement à notre perte. Jusqu'où pousseront nous l'absurde de cette situation? Juan commence à se sentir coupable des kilomètres qu’il avale quotidiennement entre le bureau et la maison. Lorsque je vais en ville, je n’ose presque plus appuyer sur le champignon même si cela me chatouille la plante des pieds, j’ai trop mauvaise conscience.
L’essence et ses conséquences est un fait d’actualité. En allant m’entraîner, je réalise que j’ai oublié de remplir ma bouteille vide et je m’arrête au dépanneur le plus proche pour en acheter une nouvelle pleine. Suer pendant deux heures sans boire d'eau m'est impossible. Pourtant, voilà un autre geste qui me donne mauvaise conscience, acheter des bouteilles d’eau lorsque je peux remplir les vides que je possède à la source qui coule à dix pas de ma maison! Je ne suis pas fière de moi lorsque je m’arrête à ce dépanneur qui se révèle être une station essence en travaux. J’ai mon appareil photo avec moi, j’en profite pour attraper quelques clichés de ce chantier à découvert.
C’est la première fois que j’ai l’occasion d’observer la citerne qui se cache sous le béton. Si le pétrole est notre drogue alors cette citerne alimente notre dépendance. Pendant que je cogite sur le sujet, je prends plus ou moins discrètement quelques photos. Une demie douzaine d’hommes me regardent cliquer sur mon piton. J’ignore les humains pour accrocher la scène en son entier. J’en entends un qui dit à la rigolade : « Est-ce qu’on va finir dans le Journal? ». D’humeur taquine, je me contente de répondre : « Qui sait? » tout en entrant dans le dépanneur. Nonchalante, l’appareil photo autour du cou, je vais me choisir une bouteille d’eau. Je me sens épiée. Je laisse glisser la sensation poisseuse. Je sors de l’endroit. J'avance vers ma voiture. Je me sens suivie mais je ne peux m’empêcher d’attraper un dernier cliché. Je me retourne pour voir un monsieur (j’imagine le gérant) m’aborder. Je fais mine de ne pas le voir. Il me demande :
- Y-a t-il une raison particulière pour prendre des photos?
Je le regarde droit dans les yeux, j’esquive un sourire, je laisse planer une seconde de mystère avant de répondre avec désinvolture.
- Non, pas particulièrement….
Je le laisse mijoter dans sa sauce alors que je ferme ma porte et démarre. Je me dis que je viens de mettre le doigt sur un certain mal. De ces maux de société qui soufflent un petit vent de malaise général…
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