mardi, avril 22, 2008

Nature et vie

La nature à l'honneur du jour

Ce matin, gazouillent par centaines les oiseaux dans la forêt. Doucement le village se réveille de sa catatonie hivernale. Les oiseaux déclarent l’arrivée du printemps et le village se refait une beauté. Tout cela a débuté la semaine dernière, avec les premières belles journées qui ont flirté avec les vingt degrés et qui ont fait chanter les oiseaux par milliers. La forêt a repris vie par la cime des arbres. Lundi dernier, c’était véritable une cacophonie. Mes oreilles n'en revenaient pas! Depuis les oiseaux se sont calmés mais ils continuent d’animer la forêt de leur gazouillis multiples.

Durant nos ballades de la semaine dernière dans le village, nous avons rencontré quelques machines de nettoyage dont ce camion balai. Jamais je n'avais vu telle bête mécanique. M’zelle Soleil fut hypnotisée et Chanelle en est restée la gueule ouverte, plantée sur place. C’était la seule activité du village. J’aime cette transition paisible, ce calme avant l’invasion. Il règne au village une tranquillité qui me ressource l’âme. Je savoure cette ambiance particulière qui s'effacera l'été venu...



En ce moment, chaque personne que l’on croise devient une rencontre. L'occasion d'échanger après un rude hiver. Comme je vis en ce coin de brousse depuis presque une décennie, que je suis relativement active dans la communauté par le biais de mes photos et de mon implication dans l’association pour la préservation du lac, je jouis d’une petite célébrité locale qui m’étonne toujours un peu. Il est vrai que depuis deux ans, mes photos font quasiment tout le temps la page couverture du journal municipal et que je milite régulièrement pour le lac, je ne suis plus anonyme. D’ailleurs il va me falloir reprendre du service écologique avec les beaux jours. C'est un travail à longue haleine que d'essayer de préserver notre environnent.

Aussi, il n’est pas rare que lorsque je me ballade sur la rue principale je rencontre des gens qui me reconnaissent mais que je ne situe pas. Ils me connaissent à leur façon mais je ne les connais pas du tout, ce sont des visages dans la foule. Des conversations naissent, je me laisse porter par la vague et je les quitte en ne les connaissant pas davantage. L'on parle de photos et de lac, de trucs et de machins, je reçois souvent des louanges qui me gênent et la vie continue son train train quotidien. Lorsque passe en voiture le maire sur la rue principale, il me salue d'un signe de la main, je lui renvoie un sourire alors que j’ai les dix doigts sur la poussette qui trimballe ma fillette. Le village s'éveille, c'en est fini de l'hibernation glacée...

J’appelle le village cette "communauté de lac" parce-que je ne trouve pas de meilleur terme pour désigner l'endroit mais ce n’est pas tant un village qu’un lieu de villégiature. C’est, d'après moi, une bulle privilégiée qui profite des bienfaits de la nature. Pour la municipalité, nous sommes une ville mais là je trouve que c’est un peu exagéré! Cela tient un peu de la folie des grandeurs qui caractérise le genre humain. Le lieu situé en bordure du plus grand lac de la région est entouré de la forêt qui tapisse les hauteurs des petits monts environnants. Environ 300 âmes à l’année, une majorité de résidences secondaires et 5000 âmes lorsque bat le plein de l’été.

Le village a plusieurs cadences, il change de rythme selon les saisons. Autant j’aime ce calme d’avant la tempête humaine, autant lorsque commence les débuts de l’invasion citadine, je grince des dents en silence. Plus je m’enracine en ce petit coin d’exil, plus je grince des dents lorsque reviennent les « autres ». Ceux qui sont habitués à vivre en milieu urbain, au gré des moteurs, ne se rendent pas compte du bruit qu'ils génèrent, de la pollution qu'ils amènent dans leurs bagages. Les premières années, c’est à peine si j’y faisais attention. Maintenant je ressens cela presque comme une intrusion. J'ai besoin d'au moins deux semaines pour m'y résigner. Depuis deux ou trois ans, Juan commence lui aussi à ressentir cette désagréable sensation, nous sommes assimilés à la faune locale.

Le lac est loin d'avoir calé, on n'y voit encore rien d'autre que de la glace. Comme à mon habitude, je m'y suis approchée, tant et si bien que comme à chaque année, j'ai fini par m'y mouiller les pieds! Je me suis encore une fois avancée assez loin pour m'enfoncer les pas dans une "sloche" de lac. Mon petit bout de fille accrochée à ma main (légére comme une plume, elle n'a pas eu conscience du minuscule danger), je me suis vite sentie coupable de mon inconscience et j'ai reculé si vite que Lily-Soleil n'a même pas eu le temps de réaliser mon erreur. Être mère responsabilise les pieds! Cela dit, une fois les beaux jours arrivés, c'est toujours un plaisir que de m'y tremper les souliers. C'est plus fort que moi et pas si dangereux que cela puisque je ne m'aventure qu'en bordure d'une eau que je sais peu profonde.

HDR-LakeStepping-into-the-lake

La neige fond subtilement, ce n’est pas fulgurant même si le temps doux a fait fondre presque deux mètres en deux semaines. Il reste cependant, parsemés dans le paysage, bien des monts de neige qui ont une texture de glace pilée. M'zelle Soleil s'amuse à jouer dans les flaques. Je la laisse faire sans m'en formaliser (tant qu'elle ne s'y trempe pas la tête). Je profite du ciel bleu et de la douceur printanière. C'est assez surréaliste de sentir la chaleur du soleil sur sa peau nue, de se sentir griller alors que le regard ne rencontre encore que le blanc de la neige. Il reste un peu plus d’un mètre à fondre pour que je puisse voir ma pelouse sauvage.

Derrière la maison, je commence à voir des bouts de mon terrain. La terrasse est quasi libérée. M’zelle Soleil m'a fait sortir sa glissade et ses chaises de jardin. Durant la fin de semaine, Juan a aidé à déglacer la place tandis que je me suis acharnée sur un tas de neige qui recouvrait mes futures plates bandes. Lily- Soleil apprend à maitriser son vélo. Elle en a rêvé tout l'hiver. Son père lui apprend à pédaler. Son bonheur m'inonde le coeur gonfle qui vibre d'amour à leurs cotés. Je les suis en appréciant chaque instant. Nous avons commencé le grand ménage de printemps. L’été est définitivement en chemin.

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