mardi, août 21, 2007
Travailler sur soi
Durant ce mois d’août, j’ai assisté au mariage d’un ami écrivain. Nous nous sommes rencontrés il y a de cela plusieurs années alors que je présidais une association littéraire à l’université. Depuis ces jours, j’ai publié quelques nouvelles, rédigé maints articles, accroché un diplôme et fait un enfant. Lui a publié quatre romans, des dizaines de nouvelles, a décroché un diplôme, trouvé un emploi de rédacteur en chef et se marie avec une femme qui me plait. Durant la soirée de ce mariage à saveur familiale (quelques amis seulement étaient conviés), je me suis laissée bercer par cette chaleur humaine qui enrobait les jeunes mariés miellés d’émotions.
Les mariés avaient travaillé fort à l’organisation de ce jour depuis des mois. Le cadre était romantique, l'atmosphère était sympathique. J'y ai retrouvé un ancien collègue de traduction que je n'avais pas vu depuis l'université. J'ai fait la connaissance de tout ce petit monde invité à célébrer l'amour de nos amis. Dans le soir couchant, un lâcher de papillons fait pétiller les yeux des petits et des grands. Les mariés ont même pris la peine d’écrire à chacun de leur invité un petit mot touchant qu’ils lisent avant l’arrivée du dessert. Arrive le tour de ma pomme, vu que je suis l’amie du marié, c’est lui qui a concocté ce petit mot qui me croquera! Je me demande bien ce qu'il va me pondre! Il ne tarde pas à combler ma curiosité. Paraitrait-il donc qu’en plus d’être charmante, je suis marrante, exubérante, excentrique, bourrée de talent mais criblée de doutes. En quelques phrases, il me décortique la peau et met le doigt dans le mille de mon chaos. Touchée, coulée! Je frissonne une seconde. Je lui souris, l’on s’embrasse, l’on partage une bouffée d’affection. Son bonheur me fait plaisir. Je réalise à quel point j’ai toujours été fascinée par cette absence de doute qui le personnifie, je sais que j’étudie ce fait depuis toutes ces années que nous nous connaissons…
Avec le départ de ma belle-sœur, je retrouve un petit peu plus de ma normalité quotidienne. Avec ma belle-mère à demeure, je me force à me détacher un peu de ma fille pour qu’elle puisse en profiter durant le temps de son séjour. Je redécouvre ainsi quelques indépendances mentales, j’organise mes pensées et je médite librement sur le cours de mois à venir. Ces méditations trouvent le chemin de mes chaos, elles y illuminent les ténèbres. Car, en effet, il est vrai qu’il y a de ces moments existentiels où le doute s’engouffre en mes veines avec la puissance d’une bombe atomique. Ces moments m'atomisent. Ils sont comme des coulées de magma gluant qui polluent mes entrailles. Je ne partage que très peu ces états là. Quelques proches perçoivent ces dérives qui sont toujours en lien direct avec cet être littéraire qui vit en mon sang. Seul mon homme les connait vraiment. Il est le seul à qui je les confie sans pudeur. Il est celui qui ne doute jamais de ma pomme, celui qui croit en moi malgré moi.
Ces états là me déconstruisent, je les excrète autant qu’ils me nuisent. J’en parle peu mais je ne les cache pas vraiment, je les exprime sans le support des mots, par des moues, par des non-dits, par des silences contrits. Je les vis en privé, esseulée. Je me verrouille de l'intérieur. Je ne m'y vautre plus. Je les combats plutôt de toute mon âme. Heureusement, avec l’âge qui bonifie la raison, j’apprends à les surmonter sans sombrer dans leur instabilité rampante. Pour ce faire, j’essaie de les laisser passer sans trop m’y noyer, sans m'y casser les nerfs. Lorsque ces moments là malmènent mes émotions, je m’accroche à Robert comme à un père. Un père que je n’ai jamais eu, un père que je n’ai jamais connu, un concept qui ne fait point partie de mon identité mais que je fantasme parfois. Si mon pays est ma langue alors Robert peut très bien être mon père de substitution. J’ouvre Robert. Immanquablement, j'y trouve ce que je recherche. Je me nourris de cette nourriture qu'il m'offre en quelques lignes précises. J'ouvre Robert et toujours, il me rassure de cette présence qui est sienne.
Doute : n.m – v. 1050 de douter. 1. État d’esprit qui doute, qui est incertain de la réalité d’un fait, de la vérité d’une énonciation, de la conduite à adopter dans une circonstance particulière. Hésitation, incertitude, incrédulité, indécision, irrésolution, perplexité. Être dans le doute au sujet de qqch. Laisser qqn dans le doute. Prov. Dans le doute, abstiens toi. Le doute n’est plus permis. Être acquitté au bénéfice du doute. « Mieux vaut l’erreur, - pourvu qu’elle soit de bonne foi » (R. Rolland). Un air de doute. Dubitatif, sceptique – METTRE QQCH EN DOUTE : contester la valeur de. Mettre une assertion en doute. Controverser, nier. « Nul ne s’est avisé de mettre en doute sa sincérité parfaite » (Bloy). Mettre en doute que (et subj) : refuser de croire. – VX Maladie, folie du doute : maladie mentale caractérisée par des manies d’interrogation, de vérification. Position philosophique qui consiste à ne rien affirmer d’aucune chose. Sceptique; pyrrhonisme. Doute métaphysique. COUR. Attitude d’une personne qui n’a pas d’opinion sur l’Existence ou la non-existence de Dieu; d’une personne dont la foi chancelle. Agnosticisme. « Cette croyance incertaine qui n’est pourtant pas le doute (…) et dont Musset donne un exemple quand il parle de l’Espoir en Dieu » (Proust). Le doute philosophique ou doute méthodique de Descartes, opération première de la méthode cartésienne. « Le grand principe expérimental est donc le doute, le doute philosophique qui laisse à l’esprit sa liberté et son initiative » (Cl. Bernard).
2. Un, des doutes. Jugement par lequel on doute de qqch. Avoir un doute sur l’authenticité d’un document, sur la réussite d’une affaire. Lever, éclaircir, dissiper un doute – VIEILLI Ôter, tirer qqn d’un doute, faire cesser ses inquiétudes. – LAISSER PLANER UN DOUTE : laisser s’installer une incertitude. Obscurité, 1. ombre – IL N’Y A PAS DE DOUTE : la chose est certaine. Il n’y a pas l’ombre d’un doute. Cela ne fait aucun doute. Incontestable, indubitable. Inquiétude, soupçon, manque de confiance en qqn. Avoir des doutes sur qqn. Méfiance, suspicion. Avoir des doutes sur la fidélité de qqn. Crainte, présomption, soupçon. « La jalousie se nourrit dans les doutes » (La Rochefoucault) Il n’y a pas de doute que… Nul doute que… (avec le subj et ne) « Il n’y a point de doute que vous ne soyez le flambeau même de ce temps » (Valéry) – (Avec l’indic.) « Il n’y a aucun doute qu’après la mort nous verrons Dieu. » (Claudel) – (avec le condit.) « Nul doute qu’il le prendrait et essayerait de le lire » (Daniel-Rops)
3. Loc. ADV VIEILLI SANS DOUTE ( ou MOD, sans aucun doute ; sans nul doute) : certainement. Assurément, incontestablement. C’est sans doute vrai. Irez-vous? Sans nul doute. PAR EXT MOD. Sans doute : selon toutes apparences. Apparemment, probablement, vraisemblablement. « un changement, Qui présagerait sans doute un grand événement » (La Fontaine) Sans doute arrivera-t-elle demain. Sans doute qu’il a oublié. Sans doute qu’il accepterait si vous insistiez. (marquant une concession) C’est sans doute vrai, mais… CONTR. Certitude, conviction, croyance, résolution, assurance, évidence.
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