vendredi, juillet 27, 2007

Autre chapitre

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Au chapitre de l'enfance et de la parentitude.

Sur-la-plage-II

Une vague de chaleur englobe le paysage, l'atmosphère poisse, l'on ne s’en plaindra pas avec la fraicheur du lac à deux pas! Il paraît qu’une partie de l’Europe grille sous les ardeurs du soleil et que l’Angleterre est frappée de pluie diluvienne. Ce n’est pas pour me rassurer sur le sort de la Terre. Et cela me rappelle à quel point nous sommes privilégiés d’habiter un petit coin de paradis où il suffit de faire quelques pas pour se rafraîchir la couenne dans la douceur d'un lac saturé d’azur…

Ce n’est pas sans me rappeler toute cette richesse liquide que nous possédons. Ce n’est pas sans me faire penser à tout ce gâchis qui entoure les luxes de nos vies modernes. Mon petit ange est un rayon de lumière dans la pénombre de mes angoisses terriennes. Cet enfant m’accroche au meilleur de la vie tout en me forçant à travailler sur moi-même. Être parent n’est pas de tout repos, chaque jour davantage, je réalise toute la responsabilité qu’il en incombe. Depuis que sa blessure est guérie, je suis heureuse de retrouver la normalité de ma vie de maman. Mon bonheur ne se confronte plus qu'aux caprices de mon petit monstre. Même si j’avoue ne guère la contrarier de façon générale, je me retrouve présentement devant un petit défi de discipline. Mon premier qui ne sera pas le dernier! Il paraît que c’est l’âge! Mais je sais bien que ce n’est que le début du revers de ma médaille dorée. Je punis peu. Je m’arrange le plus possible pour désamorcer ses colères, pour détourner ses humeurs sombres, pour ignorer ses crisettes, pour féliciter ses bons comportements. Le fond de mon éducation repose essentiellement sur le renforcement positif. Je pose des limites sans trop chercher à la brimer. Cependant je dois faire attention à ne pas menacer dans le vide, je dois être consciente d’avertir puis de sévir. Je dois être ferme, ne pas me ramollir lorsque la fatigue m’emporte, ne pas succomber à ses charmes.

Comme je la garde à plein temps, le principal de son éducation repose sur mes épaules. C’est un poids qui pèse sur mon mental. L’homme aurait tendance à être plus raide, moins flexible. Il me trouve souple et patiente, je le trouve aimant et présent. J’ai un style parental plus cool mais qui m’aspire des tonnes d’énergie. L’on s’équilibre au quotidien. L’on punit peu. Nous avons certaines limites et nous n’acceptons pas les comportements désagréables. Je crois que nous avons la chance d’avoir un enfant sans histoire. Pour l’instant, il nous suffit d’être constant pour profiter d’un bambin coquin et charmant.

Je sais pourtant que je dois sévir lorsque son comportement dérape, je sais que parfois ma patience parfois s’amenuise, mais toujours je garde espoir de trouver des solutions pacifiques à ses inutiles caprices. Je suis une adepte de la communication. Je suis persuadée qu’elle comprend énormément de ce que l’on lui explique. J’encourage mon homme, parfois taciturne, à lui expliquer ces petits détails de tous les jours. Elle est plus ouverte à l’écoute si on lui parle d'égal à égal! C'est d'une logique sans faille! Ce n’est pas un petit robot que l'on programme, c’est un brin de futur que l’on couve. Je l’observe démontrer ses compréhension de mille façons. Je m’applique à lui offrir un espace d’exploration sécuritaire, une zone de douceur, d’affection et de soins, le tout assaisonné d’un zeste d’autorité. Je n’hausse guère le ton mais je peux avoir le regard très acéré.

Grandir Liloo

Cependant j'ai parfois l'impression que ce que l’adulte rigide peut considérer comme une bêtise parce-que cela dérange son ordre établi n’est en fait qu’une simple forme d’expression enfantine. Une expression que l’on doit apprécier sans la dénigrer. En ma "mamamitude", je m’émerveille régulièrement de l'étendue de ses compréhensions. Puisqu’elle ne sait pas encore vraiment s’exprimer et qu’elle utilise souvent une sorte de dialecte (à saveurs japonaises selon Miss Dee) incompréhensible à l’oreille novice, certains pourraient croire qu’elle est inférieure aux adultes qui la guident. Ce n’est pas ma perception. Même si je sais que je dois maintenir l’ordre de par ma position, je la considère de valeur égale à la mienne, elle n’est pas au même niveau, mais elle ne m’est pas inférieure pour autant. Je lui parle beaucoup, non pas comme à un bébé ignorant mais comme à un être intelligent. Je la considère comme un être curieux, un être avide de connaissances. Je la laisse s’épanouir dans le confort de cette bulle que je crée autour d’elle. Elle a vingt mois, presque deux ans. Déjà. Nous la regardons grandir aussi fascinés qu’effrayés. Le temps semble s’accélérer sous nos pieds. Notre monde s’adapte aux cascades de ses évolutions bambines. L’on s’enchante de ses sourires tout en s’inquiétant parfois de cet avenir qu’elle dessine au présent. Ce sont d’étonnantes émotions…

Elle parle de mieux en mieux, semaine après semaine, son langage s’enrichit de toutes sortes de nuances. Elle commence à faire des combinaisons de mots, des petites phrases pour exprimer le fil de ses idées, pour mieux communiquer. Le matin, si je suis encore collée à mon oreiller et que le petit déjeuner est prêt, elle me lance sur le pas de la porte: "Maman miam-miam!!!". Son évolution m'entraîne, je soupire, je souris et je m'extirpe la peau de mes draps froissés! L’on interagit de plus en plus. Je savoure cette magie qui découle de son innocence, de la pureté de son regard sur l’univers qui l’entoure, j'en profite pour ressourcer mes états d’âmes blasés.

Elle commence à contester son quotidien d'un "non" virulent. Elle s’individualise. Elle se personnalise. Je reconnais de plus en plus de mes expressions sur ses traits si près de ceux de Juan. J’adore découvrir ce petit brin de fille à qui j’ai donné naissance, j’adore participer à cette construction de sa langue maternelle. Son vocabulaire contient désormais bien plus de l’inévitable papa, maman: il y a « minou, dodo, doudou, miam (faim manger, aliments), mamie, papy, tata, pipi, caca (couches), tin (tiens), donne, vin (viens), pati (parti), où, qui, lo (de l’eau), attends, anane (banane), bam (tomber), bato (bateau le mot qu’elle a appris ce printemps plus vite que son ombre à mon grand désespoir, elle adore regarder ces bateaux qui m’horripilent le poil, alors je ne dis rien et je la laisse profiter de son innocence tout en dédramatisant ma rancœur), lac, Lily, lulu, cuicuiii, (oiseaux), toutou (peluche), susu (sucette) padou (partout), shochu (chaussures) bobo, aille, mago (margaux le chien du voisin), en bas, en haut, guili, allo, bye, coucou, okay, pont, toto (moto), baba (ballon) l'étrange akhang (pour tous nos amis qu'elle rencontre, terme inspiré de Keisuke un ami de passage)» et bien d’autres que j’oublie en chemin.

Elle sait clairement mimer ses désirs même si elle les exprime de plus en plus, elle sait même commander plusieurs de mes gestes! J’essaie de ne pas être trop à la merci de sa dictature bambine. Elle voudrait faire toute seule ce qu'elle me voit faire tout en m'expliquant ce que je dois faire! Le dernier incident malheureux en date arriva lorsque l'idée lui est passée de se raser comme son père en lui chipant le rasoir pendant qu'il se rinçait le visage! Rien de grave au final si ce n'est de gros cris et quelques croutes disgracieuses au dessus de la lèvre quelques jours durant. Sur ce coup là c'est son père qui a appris la leçon! Le soir même de l'incident alors que je le bassine sur ce sujet, il s'exclame: «Hum... Je vois... En fait c'est elle qui fait les conneries et c'est moi qui apprends! » Elle répète, elle imite, elle analyse, elle n’en finit plus de repousser les limites de ses autonomies. Je cours sur ses lancées, je la protège des dangers. Et je n’en finis plus de la chérir…

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Oui, le temps file à toute vitesse, ma merveille vient de fêter son septième mois, je lui explique aussi beaucoup de choses, je me dit qu'elle prend sa part et que ce n'est pas à moi de décider de ce qu'elle comprend ou pas; elle me regarde alors très attentivement et le "courant" passe, fluide ... Un délice, une merveille, un étonnement permanent que de la voir grandir.
Celle qu'on appelait "l'individu" quand on ignorait encore si elle serait garçon ou fille, est cet individu formidable que nous appelons maintenant merveille ;-)

Etolane a dit…

Nous aussi nous l'avons appellez merveille durant bien des mois! En ce moment cela devient Miss Bordel ou M'zelle Cabosse! :lol: Mais quel bonheur que de découvrir son enfant, découvrir la petite personne qui s'éapnouit tout en grandissant, le tout à la vitesse de la lumière!!! Jamais le temps ne m'a paru si court que depuis que je susi devenue Mamam!!!