samedi, mai 19, 2007

Au coeur de l’idéal..

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Au coeur de mon idéal..

Un ciel d’azur, la phosphorescente verdure des feuilles sur les branches, le soleil réchauffe les corps en peine. La voiture au garage nous offre une facture salée. Mon homme parti en Gaspésie pour un tournoi de Volley-Ball. Une voiture neuve dans l’allée dont les kilométrages sont comptés pour ne pas pimenter davantage les soucis financiers. Les oiseaux gazouillent dans les arbres. Le lac tranquille se prépare à l'assaut de mes pairs. Lily-Soleil scotchée à ma jambe…

Lorsqu’on lui a proposé de participer à ce tournoi situé à plusieurs centaines de kilomètres, Juan a tout d’abord refusé en pensant à moi. Puis j’ai pensé à lui et je l’ai encouragé à accepter, mon amour le commandait. Lui qui trime depuis que je suis tombée enceinte pour sécuriser ma pomme dans cette construction de famille méritait bien de se changer les idées. En moi s'agite la hantise de devoir vivre mon quotidien en une dynamique monoparentale. Mon amour est plus fort que ma peur. Il est bon d’affronter ses peurs si on veut les dépasser.

Je suis le fruit d’une passion éphémère. Née d’un mariage éclair, mes parents, à peine majeurs, ont divorcé avant que je ne fête ma première année. Je n’ai jamais rien connu d’autre que les recompositions familiales maternelles et la démission paternelle. Écartée. J’ai toujours eu l'impression d’exister en marge de la vie de ma mère. Mon enfance différente de la norme n'a pas été malheureuse. Entre ma mère et ma grand-mère, c'est un peu comme si j’avais été élevée (si l'on transpose le concept à New-York en 2010) par un couple de lesbiennes divorcées (en bon terme) qui se partageraient ma garde. Par moment c’était bizarre, doucement surréaliste. Je sais que les circonstances de mon enfance ont façonné l’adulte que je suis devenue. Avec Juan, je vis le fantasme de la petite fille aux sensations orphelines qui chuchote son bonheur sous ma chair. Tout ce que je désire est d’une banale normalité. Un père et une mère en harmonie qui s’épanouissent sous le même toit. Peut-être n’est-ce pas si normal que cela puisque les exemples de couples qui traversent les décennies tout en cultivant leur amour intact se font bien rares…

Seule avec ma fille, je vais bien. Je ne m’effondre pas, j’affronte, je me débrouille avec ma progéniture sans trouble. Si vite pourtant je reconnais cette dynamique honnie. Je suis de l’autre coté du miroir. Je me moule à ces quelques jours sans présence masculine. Seule. Je suis forte. Je fonctionne sans problémes apparents. C’est un peu comme refaire de la bicyclette (du tandem en fait) après un long temps d’arrêt. Je suis désormais aux commandes. Je pense à lui, il pense à nous, je suis heureuse qu’il profite de sa vie. Je ne suis pas seule à l’intérieur. Lily-Soleil en ses babillages bambins me demande « Où est papa ? ». Je sens qu'elle le cherche. Je lui explique qu’il est aller jouer au ballon avec ses amis, que nous irons bientôt le chercher, que tout va bien. Elle semble comprendre même si elle pleurniche un peu. Seule avec ma fille je suis. Si vite, les sensations d'antan m'assaillent. Je sais combien il est difficile d’élever seule un enfant. Je possède en moi la mémoire de ma mère. Je ne veux pas revivre sa vie de l’autre coté de la barrière. Je veux construire la mienne, à part, à ma manière. Je veux savoir ce que c’est qu’un père et une mère qui élèvent ensemble une famille, la même, la leur…

L'enfant est un miroir dans lequel le parent se reflète. Je sais la mère que je désire être. Je l'ai rêvée durant tant d'années. Patiente, attentive, douce, aimante, présente, compréhensive, attentionnée. Je voudrais tout donner à ma petite fille, lui donner le meilleur de mon coeur, m’écarter du pire, boucher les gouffres qui m'attirent. Je suis prête à affronter tous les démons qui me chatouillent l’obscurité pour mieux les annihiler. Arriverai-je à devenir la mère que je désire être? Le chemin est long, périlleux, les obstacles sont multiples. Je suis prête à plier pour trouver le juste équilibre entre leurs émotions et mes sentiments. Jamais je ne serai parfaite, toujours je pourrai faire mieux, jusqu’à mon dernier souffle j’essayerai d’avancer encore plus près de cette lumière qui m’éclaire l’esprit.

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