Au petit jour...
Je me réveille la première. Je me décolle les paupières lourdes de sommeil pour aller me chercher un verre d’eau. En entrant dans la cuisine, je crois distinguer un mouvement près de la fenêtre. Je me secoue les puces. Un autre matin blafard pointe derrière la vitre. Depuis quelques jours, une épaisse brume embrouille les paysages. Je baille. Je crois voir quelque chose bouger dans le salon. Sûrement un chat qui s’étire. Je sors un verre du placard. Furtivement, il me semble apercevoir une silhouette se déplacer sur le balcon. Je fronce des sourcils et m’approche de la fenêtre. Dehors, le brouillard alourdit l’atmosphère, tout est calme et silencieux.
Je me frotte les yeux et tourne le robinet pour laisser couler l’eau fraîche dans mon verre. J’entends l’homme ronfler dans la chambre. Le bébé dort encore. Alors que je prends une gorgée d’eau fraîche, quelque chose remue à ma droite. Je tourne la tête juste à temps pour distinguer une bouffée de brume s’effacer de la chaise. Je fronce les sourcils, indécise, est-ce que je suis moins bien réveillée que j’en ai l’impression? La brume existe dehors jamais à l’intérieur! Je m’approche de la baie vitrée pour examiner les environs. Une purée de pois recouvre la rue. Elle lèche le balcon de sa grisaille. Quelque chose bouge sur les escaliers. Quelque chose qui se fond rapidement dans la brume. Dans le salon, un chat siffle et grogne.
J’entre dans la pièce pour y découvrir une masse informe sur le divan. Une entité de vapeur flotte sur le tissu. J’avale de travers et m’arrête net. Gelée dans mes mouvements, je me colle le dos contre le mur. La masse se forme et déforme jusqu’à ressembler à une personne. Mon cœur bat la chamade. Sans me prêter attention, la chose sans consistance s’approche de la fenêtre. Elle la traverse sans un bruit et paraît marcher vers le brouillard. Elle y disparaît en deux secondes. J’ose prendre une grande respiration. Peut-être que je dors encore et que je suis en train de rêver que je suis réveillée? J’entends battre mon cœur dans mes veines. L’instant présent possède la texture du réel mais je n’en comprends pas la saveur. J’ai à peine repris mes esprits que je distingue une autre de ces formes assise sur une chaise de jardin oubliée dans un coin de balcon. Elle tourne sa tête sans visage en ma direction. Je manque de défaillir. Un cri s’étouffe entre mes lèvres. Je traverse la cuisine au pas de course pour me réfugier dans la chaleur de mes draps…
Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire? Et bien voilà, c’est juste cela! Juste une minuscule histoire de vapeur matinale, rien qu’un soupçon de fiction jaillit d’un concept confus: Et si les lecteurs de blogues pouvaient, grâce au pouvoir des mots, se matérialiser dans notre réel? Et si les esprits inconnus qui lisent ces phrases offertes aux regards de tous pouvaient se téléporter l’essence en nos maisons cachées? À quoi ressembleraient nos petits matins embrumés si l’on avait le pouvoir de croiser ces personnes invisibles qui viennent butiner notre virtualité?
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