lundi, septembre 25, 2006

Familia

Familia

Encore une toute petite semaine à cohabiter avec ma belle-famille pour le bien de mon homme et ma fille. Une autre petite semaine à partager mon espace intime, à ignorer les invasions intérieures, à pratiquer mes tolérances, à laisser glisser les remarques qui froissent, à repasser mes patiences…

Evidemment j’imagine qu’eux aussi doivent passer par-dessus certaines de leurs convictions pour me supporter mais ce n’est pas non plus leur bulle de quotidien qui est envahie ! Juan est content de passer du temps avec ses parents qu’il ne voit pas souvent. La petite apprend à connaître des grands-parents qu’elle ne verra pas souvent. La bru se cherche un coin où exister librement…

Dans le passé cette situation que nous vivons était le fruit de traditions ancestrales et les gens se posaient certainement moins de questions que je m’en pose présentement. Dans certaines cultures c’est encore monnaie courante de vivre ainsi, en communauté de sang.

Pour moi qui n’ait jamais toléré de colocataires dans ma vie, c’est parfois un peu plus compliqué. Lorsque j’étais jeune juste l’idée de la colocation me donnait des frissons ! Juan est le seul qui soit entré si facilement dans ma bulle. Il y est si bien entré que je n’ai même pas compris par où il était passé! A un moment donné j’ai réalisé qu’il était là, si proche, sans trop comprendre comment il avait fait. Il s’y est d'ailleurs si bien pris que je ne me suis même pas rebellée !

À date, je n’ai pas trop à me plaindre de cette situation ultra familiale. Tout se passe pas trop mal. Même si ma belle-mère est à l’opposé de ma pomme, l’on trouve des façons de s’accepter par amour pour cet homme qui unit nos vies. L’on est loin d’être des grandes copines mais l’on arrive quand même à échanger des bribes d’idées, des miettes d’identité. L’on essaie de ne pas trop se marcher sur les pieds.

Lorsqu’elle me pique, je ne réplique pas, je la complimente sur ce qu’elle fait de bien. Ceci la rassure et désamorce l’éventuel conflit, cela maintien la paix en mon foyer. Lorsqu’elle dépasse mes limites, je pose une balise sous son nez qu’elle n’a pas le choix de considèrer. Lorsque c'est trop pour moi, que nes nerfs menacent de craquer, j'en parle à Juan qui me protège de ses assauts amers. La roue tourne, les semaines passent, c'est presque la fin. Bientôt le retour de ma relative intimité...

Ai-je mentionné que ma belle-mère est très française ? Une laine pure et dure de l’hexagone, mince comme un fil, toujours tirée à quatre épingles, qui paraît 50 ans même si elle en a plus de 60 ! Une rose de belle-mère, jolie mais avec épines!!! Plutôt rigide de nature, elle s’assouplit un peu par la force des choses et de ces voyages au Québec qui la déconcerte. Cette souplesse nouvelle aide à l’harmonie présente. Sans compter que Lily Soleil charme à tours de bras.

Cependant il a fallu travailler fort pour atteindre cette délicate harmonie. Nous évoluons dans un écosystème familial en fragile équilibre sur les fils de l’Amour tissés autour de Juan. Il y a six ans de cela, tout avait pourtant très mal commencé. Je ne correspondais pas aux attentes de la dame. Je n’étais rien de tout ce qu’elle avait pu espérer pour son fils adoré. Trop originale, trop libre de mes gestes et pensées, trop éloignée de ces normes qu'elle chérit. La première fois que l’on s’est mariés, elle était enragée. Elle en a pleuré durant toute la cérémonie civile, c’était d’un gai ! La légérété bohème de la journée en question annula ses caprices et je m'efforçai de ne pas la regarder pour pouvoir apprécier l'instant. Il est vrai que j'ai déstabilisé ses repères existentiels en plus de lui voler son fils tant aimé, frais de ses 20 ans, pour l’envoler sur un autre continent...

Heureusement que dans la débâcle maternelle, Juan a su tranché en ma faveur et qu'avec les années passées elle a renoncé à me détester. Ma gratitude envers le comportement de mon homme se retrouve là, aujourd’hui, maintenant, j’accepte gentiment ses parents en mon foyer. Je leur ouvre mon intimité. J'offre de ma vie sans compter car je sais que ce fragile équilibre met énormément de baume au cœur de mon homme sensé. C’est en quelque sorte une autre façon de l’aimer…

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