Charlotte fait du stop…
Charlotte, une amie jurassienne de longue date de Juan, amie qu’il n’avait pas vu depuis presque sept ans, est venue visiter notre petit coin de pays. L'année dernière, Charlotte a passé plusieurs mois en Alberta. Férue de ski et d’hiver, elle s’est gavée de montagne et de neige. Charlotte s’est fait un « chum » allemand dans les Rocheuses. De retour en France, elle profite quelques mois de sa famille avant de décider de reprendre les chemins canadiens. Entre-temps, Marcus, son ami allemand s’est trouvé une job près de Vancouver. Plutôt que de le rejoindre directement, elle décide de se poser à Halifax et de traverser le Canada en stop afin de mieux comprendre le peuple qui l’habite. Sur son parcours, elle en profite pour rendre visite à ses amitiés qu'elle cultive de par le monde.
Gourmande d’humanité, ouverte sur les autres, Charlotte savoure avec bonheur ces petits morceaux de quotidien qu’elle grignote au contact des gens que le destin met sur sa route. « Lorsque je suis rentrée en France, tout le monde me demandait comment c’était le Canada. Je me suis rendue compte que je ne connaissais pas vraiment le Canada mais juste Lake Louise mon petit coin d’Alberta! Cela m’a un peu énervée alors j’ai décidé de prendre l’occasion de retrouver Marcus pour parcourir le Canada. J’aime bien faire du stop parce que cela permet de se donner aux fils de coïncidences qui font découvrir les gens de l’intérieur. Tu discutes, tu apprends,c’est vachement riche… » explique jolie Charlotte qui me ramène en mémoire la jeune femme que j’étais durant ma vingtaine, avide d’expériences et libre comme l’air…
En bas, Clo dort dans la seule chambre habitable (le reste de l’étage est encombré de cartons remplis de choses à trier, ranger, donner ou jeter) notre vieux sofa est rendu sur la galerie. Charlotte bohème est super à l’aise avec l’idée de squatter notre balcon. Charmée par Bébé Soleil, elle s’imprègne de notre façon de vivre, met la main à la pâte, s'intéresse à tout. Curieuse, elle creuse notre terreau d’existence avec entrain. Elle sait traverser ma sauvagerie présente pour se glisser dans ma bulle. L’on papote jusqu’aux petites heures de la nuit. Cela fait du bien de partager ainsi, c’est comme un ruisseau d’amitié dans lequel il fait bon se rafraîchir lorsque la canicule menace de nous étouffer. Juan est très heureux de retrouver des morceaux de son passé au gré de leurs discussions diverses. Elle nous souffle: «Il fait bon vivre chez vous. »
Ces trois jours passent à la vitesse de l’éclair. Lorsqu’elle nous quitte lundi soir, c’est avec un petit pincement au cœur que je la regarde s’éloigner, sachant très bien que nous ne la reverrons pas avant quelques années. Durant ces quelques jours en notre compagnie, elle nous a insufflé un courant d’air frais qui nous a inspiré toutes sortes de petits bonheurs. Merci Charlotte et que les anges te protégent durant cette aventure…
Par ces jours-ci, elle devrait être aux alentours d’Ottawa, ensuite Toronto et d’ici quelques semaines, elle devrait retrouver son homme, sur une petite île aux alentours de Vancouver, là-bas, de l’autre coté de ce continent qui est le nôtre. Après son départ, Juan expire un petit soupir de tristesse. Il me dit :
- Tu vois, elle nous a pas jugé, n’a émis aucune critique, aucun commentaire sur notre façon de vivre, sur mon accent, sur notre manière d’élever notre fille. Elle a juste essayé de mieux nous connaître. C’est quand même rare dans la mentalité française.
J’opine du chef, sachant très bien ce qu’il ressent. Malheureusement le français moyen n’a pas toujours la côte à l’étranger et c’est souvent pour de bonnes raisons. Des raisons qui délimitent le coté obscur de l’Hexagone, un coté que je ne développerais point en ces lignes mais que je ne connais que trop bien, pas tant pour l’avoir vécu que pour l’avoir subi.
Intimement, je crois que la beauté de côtoyer plusieurs cultures se cache dans cette magie humaine qui offre à celui qui s’en donne la peine l’occasion de s’ouvrir les yeux, le cœur et la tête. Car comme le chante Ariane : « L’ouverture de l’esprit n’est pas une fracture du crâne… »
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