Tranches de vie
Ma cabane, emmitouflée d’hiver, se fait l’enclave de mes peines. De vives douleurs lombaires encombrent mon quotidien, ils l'handicapent singulièrement. Dans mon silence de neige, je souffre en essayant de ne pas trop m’en plaindre. Grossesse et accouchement n’en finissent plus de vouloir ma peau. Écarter les malheurs, attraper des frissons d’espoirs. Je combats la fatigue avec du repos de guerrière. Je pouponne dans un cocon d’affections et je me soucie…
Car je (nous) vis (vivons) présentement cette première inquiétude de jeunes parents. Herbe folle sur un terrain vierge que l'on explore à petits pas. Bébé tout frais, tout neuf, fait, depuis quelques semaines, de l’eczéma. Après quelques premiers soucis, le pédiatre diagnostique ce petit eczéma de nourrisson qui, paraît-il, est relativement courant.
Pourtant, depuis je m’inquiète, je lis et je m’inquiète, plus je lis, plus je m’inquiète. Et pourtant ce n’est rien, ce n’est pas grand chose mais justement c’est quelque chose, c'est un premier quelque chose! C'est la vie qui s'exprime et nous dérive. Cette simple idée de quelque chose est comme un petit bouton qui me gratouille, une mauvaise herbe dans cette prairie vierge où nous évoluons avec bonheur. Juan me soulage et relativise. Se dévouer, se dédier...
Je lis tant de choses sur le sujet que cela tourbillonne dans ma tête : "Antécédents familiaux: hérédité atopique (inconstant) : DA du nourrisson, asthme et rhinite" Allergique-L’eczéma : une maladie des enfants allergiques-Alimentation du nourrisson souffrant d'eczéma-Dossier eczéma- Dermite atopique.
De gros mots pour un petit bobo. Ce matin, nous nous rendons compte que nous avons oublié cette crème presque magique chez Grand-Maman à Québec. Ce matin la petite zone rougissante commence à se transformer. Aux alentours de midi, branchés sur le ménage, lavage, bébé, début de semaine qui s'enclenche, téléphones, etc. Juan finit ses affaires avant de descendre au village pour passer à la pharmacie. En attendant un petit peu de lotion. Je réalise la subtile différence entre la lotion et la crème.
Après une semaine de traitement intensif où nous lui avions mis de la créme des dizaines de fois par jour. Les symptômes tendaient à disparaître. Les rougeurs s'estompaient et la peau se renouvelait en douceur. Et puis, hier soir, arrive cet oubli malencontreux. Arrivés en fin d’après-midi, les symptômes s’intensifient. Juan part chercher la fameuse crème, tout en allant faire les courses pour ce début de semaine. Avec la nuit tombée, il s'éclipse. Nous restons seules à la maison, avec le chien, les chats, les coccinelles et l’hiver qui nous enferme. Pauvre petit bébé d’hiver qui n’a que si rarement connu la douceur de l’air frais sur sa peau nue.
Bébé pleurniche, s'agite, l’heure se passe dans une lenteur torturante. Bébé a découvert le principe de se gratter ! Alors que j’essaye maintes variétés de réconforts, bébé fait la tête et ses joues prennent doucement feu. Posée dans son lit, je la berce, le mobile tourne, dubitative bébé l'observe. Je la contemple et je la vois pour la première fois faire le geste conscient de la main qui a un but précis ! Cela gratte, cela chauffe, cela dérange la paix de l’être. Elle se gratte. Elle fait la moue. Je la promène, je susurre, je chuchote, je nourris, rien n’y fait ! Toujours ce petit quelque chose qui démange et ces plaques qui s'étendent, se boursoufflent et rougissent. Méchant eczéma sur pommettes innocentes…
Juan rentre avec la super crème et l’on beurre en vitesse les petits volcans qui « s’éruptent », rugissent et démangent. Un p’tit bain avec ça et c’est le festival de la crème! Bébé se calme, s’adoucit, s’apaise. Dieu merci! Arrive alors à grands pas l’inquiètude qui vient démanger le cerveau, qui déambule, qui se ballade en ricanant au passage de deux neurones. Juan couche bébé qui s’endort gentiment. Je lis, je réfléchis, j'écris ces phrases qui dégoulinent sur le clavier et la douleur se résorbe. Les mots l’absorbent. Que Dieu la garde et que les anges la protégent toute entière...
Reste ces informations qui font chemins, qui me renseignent, que je devrai régurgiter d’une façon ou d’une autre. Justement allaiter me faisait dilemme. Stress divers qui entravent pour la première fois une production semi industrielle. Mon corps est usé. Les gens et leurs avis différents. Mon obstination de mule enragée. À la recherche de LA solution, ou du moins d’une solution pour prévenir (retenir) ce petit ennui, petit quelque chose de santé qui nous dérange. Gérer les angoisses maternelles qui germent pour raisonner la réalité qui se passe…
Via ce carnet: Au Musée de l'homme, Exposition intitulée Naissances...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire