Impression de couver un œuf.
J’ai un œuf qui se meut sur ce qui fut mon ventre. Un œuf que je devrais pondre d’ici un mois et des poussières. Parfois, au creux de mes nuits agitées, je me demande doucement : "Ne serait-il pas plus facile de pondre cet œuf après 6 mois de gestation et ensuite de le couver les 3 derniers mois?"
Je sais c’est un peu niaiseux, mais Dieu que c‘est lourd rendu là! Ma peau s’étire et je crains qu’elle ne craque malgré tout ce que je peux la crèmer, la huiler au fil des jours qui se passent. J’avoue cela traumatise un peu les fibres superficielles de mon être. Après tout, j'ai aussi une certaine coquetterie qui souffre sans rien dire. Juan s'étonne que la dimension de ma bedondaine absorbe mes énormes seins qui ne tiennent plus dans ses mains, je me marre du bout des dents...
Autant j’aime bien sentir bouger cet être au creux de moi, autant l’idée d’être un phoque sur pattes me choque. Voilà qui me donne une idée inspirée du post précèdent…
J’aime :
- Savoir que je suis féconde.
- Me dire que j'offre une descendance à mon homme.
- L’émotion de Juan lorsqu’il caresse mon bedon tout rond.
- Sentir ma douceur intérieure rejaillir en cascades émotives.
- Toutes ces premières sensations qui me rendent moins bête.
- L’idée que mon ventre crée une existence qui deviendra humaine.
- Les promesses d’aventures parentales, l’espoir d’un futur conjugué.
- Toucher sous ma peau des bouts d'être vivant qui gigote, c'est magique.
- Sentir la vie se mouvoir en moi et me demander à quoi elle ressemblera.
- Que mon corps devienne ce jardin où Juan déposa une graine, fruit de notre amour.
- Me dire que je vais évoluer avec cette vie qui couve en moi et retrouver l'innocence pure de l'enfance à travers le regard tout neuf de ma petite fille.
- Les regards émus de la population québécoise en manque de natalité qui me sourit toujours si gentiment malgré mon allure de pingouin.
J’aime moins :
- La responsabilité de tout devoir faire au mieux pour ne point nuire à cette vie qui se construit.
- Tous ces derniers instants qui me sensibilisent au fait que plus rien ne sera jamais pareil.
- Me demander à quoi ressemble une montée de lait et ne rien comprendre encore à la douleur à venir. Les histoires d'horreurs sur l'allaitement et les massages de périnée.
- Être subtilement décalée et craindre de devoir me cloîtrer pour finir par m’empoussiérer le cerveau et me perdre l’existence en je ne sais quel tourbillon étrange.
- Les livres que j’accumule sans pouvoir les lire, juste des kilos qu’il faudra que je fasse fondre en une année de régime et d’exercice. Ne plus savoir qui je regarde lorsque je croise un miroir, me sentir toute bouffie et cette envie de pleurer sur mon sort malgré les regards amoureux de Juan et la sagesse des ancêtres quelque part au fond de mon âme bouleversée. Me sentir si laide alors qu'il me trouve encore belle et remuer ma frivolité du bout du nez.
- Les maux de dos, les jambes qui gonflent, la peau qui s'étire, les nuits difficiles, le cycle des hormones qui déstabilise mon mental en pagaille qui d’un coup se soucie de tout et de rien.
- Avoir la mémoire qui flanche, la cervelle en miettes, le corps ankylosé, les nerfs à vif et ces cauchemars étranges que je fais depuis que je suis enceinte. Sans compter ces songes où je tripote des filles qui font beaucoup rire l'homme!
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