Esperanza
Voilà plusieurs matins que je suis réveillée par les mots! Je m’éveille au fil des phrases que compose mon cerveau et des textes qui se forment en mes neurones à moitié endormis. Ce matin, il était question de solitude, popularité et marginalité, il y avait bien un 3000 mots possible en ces trois idées conjuguées. Le temps que je le finisse en moi, j’étais levée avec l’espoir au cœur de retrouver cette cadence d’écriture qui me manque depuis qu’une petite graine a pris possession de mon corps pour le transformer à son rythme étrange. Car je l'avoue humblement plus que le nombre de visiteurs qui passent par là, c'est le nombre de mots pensés et sensés que je suis capable de fomenter qui m'intéresse. Évidement, je ne mentirais point, les visiteurs c'est bien, mais les mots, c'est encore mieux! Ce sont eux qui me permettent d'avancer. Les humains qui viennent ici m'embaument de l'intérieur, ils rassurent l'être angoissé et cela aussi est important, mais ce sont les mots qui me font vivre, ils me donnent cette raison d'exister qui m'est nécessaire en ce monde trop souvent hostile et égoïste à mon goût innocent.
Cependant une fois levée, j’ai tant de choses à rattraper de ces mois passés en difficile gestation, que je n’ai pas encore le courage de simplement me poser pour laisser couler ces mots qui me cherchent,, ces phrases qui tanguent entre deux instants. Dans le fond, j’ai plus envie d’apprécier cette énergie nouvelle qui émerge en mes jours, ces nausées qui s’estompent tranquillement, cette vie que je retrouve en mes neurones traumatisés par un état aussi étonnant que complexe…
Mais ceci est bon signe, la période d’incubation achève, je le sens! Avec le soleil, la chaleur, les beaux jours, la petite crevette qui commence à gigoter et à se faire sentir, arrivera bientôt une nouvelle phase d’écriture. Je l’attends avec sourires. Les thèmes et les histoires reviennent hanter mes journées, j’ai hâte de pouvoir les récupérer au coin de mon clavier.
J’ai encore peur de voir disparaître cette petite crevette que j’aime déjà mais comme le pense son père, il semble probable qu’elle soit bien accrochée! Voilà pas que monsieur se souvient de sa giclée fécondatrice! Par ce fait, il a une confiance toute masculine en la force de ce petit être qui pousse en moi. Une confiance qui m’échappe souvent lorsque malaises et troubles émergent en mon corps qui héberge cet être formé de l’amour savouré. Je recommence à attraper des photos éparses au fil des jours ensoleillés et de la nature qui reprend ses droits de verdure et de couleurs florissantes, ceci aussi est bon signe….
Hier avec ma petite Clo de sœur, je suis retournée dans ce magasin pour femmes enceintes à la recherche d’habits pour passer l’été, ce fut un autre pas pour accepter mon corps qui change. Il n’y a rien comme mettre un faux ventre par-dessus celui qui commence à se dessiner pour se préparer à devenir une petite boule qui roulera lorsqu’on la poussera. C’est dans les rires de Petite Clo que j’ai regardé cette énorme bedaine qui deviendra la maison d’un petit bébé. Petite Clo trouve cela charmant, mon homme s’extasie devant le phénomène et s’exclame que c’est beau. J’ai de la chance de les avoir pour me rappeler qu’être grosse n’est pas aussi dramatique que ne peut me le chuchoter ma cervelle de moineau. Il y a encore des progrès à faire en mes idées mais je me soigne. Plus que tout, je veux que cet enfant arrive à terme et en santé…
Ce matin, encore une fois, je me réveille au rythme des mots qui s’effacent dans le silence de ma tête. Je me réveille aussi avec l’espoir au cœur de me retrouver, avec dans le corps le désir des lettres partagées et c’est avec tendresse que je regarde le soleil qui se lève sur mon paysage d’été…
Juan se réveille la tête dans le c... Je le regarde toute heureuse et l’apostrophe:
- Je me suis encore "faite" réveiller par les textes c'est bon signe hein? C'est pas les mêmes que j'écris mais c'est bon signe quand même hein?
Il me regarde les yeux enfarinés et me répond:
- Je ne comprends pas cette phrase!
- Ben quoi? Être reveillée par des textes?
- Je comprends pas cette phrase, les textes c'est pas un réveil!
Je ris et il grommelle, je continue:
- Mais comment ça?
- Je comprends pas cette phrase, répète-t-il grognon.
Il bombe son torse nu et me dit:
- Tu as vu mes plaques de chocolat?
- Miam, miam...
C'est l’heure de manger le petit déjeuner...
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