Via Realm of the Sidhe, je parcours le grimoire de la lune.
Lorsque j’étais enfant, dans ma campagne jurassienne, la forêt était bien présente au cours de mes jours. Souvent je regrettais, au fond de moi-même, la disparition des loups. Lors de mes promenades champêtres, alors que je devais avoir 7 ou 8 ans, je fis un petite fixation sur le sujet. Lorsque je me promenais avec mon oncle, je lui demandais régulièrement :
- Dis, t’es sur qu’il y a plus de loups ?
- Oui, Etol, je te l’ai déjà dit des dizaines de fois, y’a plus de loups depuis des siècles !
- Mais, avant, y’en avais hein ?
- Oui, et ils mangeaient les petites filles comme toi !
- Même pas vrai ! Je suis sure que tu dis ça pour me faire peur ! Mais pourquoi y’a pas de loup qu’y reste ?
- Parce-qu'on les a tous tués !
- Mais avant, là où on est, y’en avait hein ?
- Oui, et s’ils t’avaient trouvé, ils t’auraient mangé !
- Pffff ! Et y’en reste même pas un !
- Non ! T’es chiante quand tu veux...
- Même pas un seul qui se serait caché et personne le saurait !
- Non ! Y’en a plus, y’a plus de loups par chez nous ! C’est juste dans les histoires ! Change de disque, y’a plus de loup maintenant même si y’en avais avant ! Point.
Pourtant il restait encore des loups dans les histoires, il en restait assez pour faire briller mes yeux les longues soirées d’hiver. Le loup faisait partie du folklore local. Toute petite, je devais être sage ou le loup allait venir, sans parler de la fameuse histoire racontée à tout vent par l’arrière grand-mère, un peu sénile, la fameuse histoire de celui qui cria pour rien au loup. Le petit berger niaiseux qui faisait courir le village jusqu’à temps qu’on ne le croit plus...
En furetant le grimoire de la lune, je me suis rappelée les loups imaginaires de mon enfance et la tristesse de les savoir disparus. C’est quand même plus palpitant la vie de petite fille lorsque rôdent les loups dans la forêt !
Ensuite l’on grandit et l’on se rend compte que des loups, il en reste encore parmi nous, ils prennent forme humaine pour croquer des petits bouts d’esprits avant de ricaner en meute du désespoir de leurs proies. La notion de loup s'élargit, se transforme sans que l'on n'y fasse attention. J’ai « négativisé » l’image du loup en grandissant, cela me peine. Distorsions adultes, pourtant je l’aimais bien avant...
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