vendredi, avril 30, 2004

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Émotions à fleur de peau...

Aujourd’hui le facteur a déposé au milieu des factures courantes, une goutte d’espoir en provenance du Guatemala...

Une réponse de Milvia et sa famille, mon petit colis envoyé, il y de cela plusieurs mois, est bien arrivé et si j’en lis l’inventaire, tout était là. Des mots en espagnol au crayon de papier, une traduction anglaise dactylographiée et une grosse bouffée d’émotion dans le cœur...

Cela me fait du bien de savoir que si je n’ai pas eu les moyens de soigner mon chat, au moins, nous aidons une petite fille quelque part sur la planète. Cela me réchauffe le cœur de partager un peu de « notre pain » avec une famille plus démunie que la nôtre. Je voudrais croire que ces dizaines de dollars versés chaque mois pour le compte de Milvia lui donne la chance de rêver un peu et d’atténuer sa pauvreté quotidienne...

Je voudrais penser qu’elle pourra grandir avec de l’espoir au ventre, grandir avec cette capacité de rêver à un monde meilleur, grandir avec l’espoir d’un futur ensoleillé autant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Un jour, nous irons la voir de nos propres yeux. Je dois encore apprendre l’espagnol mais à force de le désirer, je devrais bien arriver à m’y mettre assez pour baragouiner localement...

Depuis bientôt deux ans, Milvia fait un peu partie de notre vie, une photo, quelques dessins et toujours des paroles de gentillesse. Tout a commencé à peu prés lorsque j’ai commencé à faire mon deuil d’enfants au présent. Je me suis dit que cela ne servait à rien de pleurer sur mon sort et que si je ne pouvais avoir d’enfants maintenant, je n’avais qu’à patienter en tendant la main à un enfant dans le besoin. Il y avait aussi Juan avec ses grandes théories sur les atrocités de la société de consommation qui me "touillait" les idées. C’est ainsi qu’un matin, encore moins riche que les autres, je me décidai à appeler ce numéro 1.800... qui nous montre si souvent, de mon petit écran, ces enfants dans le manque en quête de parrains canadiens. Voilà qu’aujourd’hui en recevant cette petite lettre de cette famille inconnue qui nous met chaque soir dans ses prières, j’ai senti remonter les larmes. Elles ont coulé pour mouiller doucement mes joues pâles...

- Mais tu ne fais que pleurer depuis ce matin mon amour, me fait remarquer Juan les yeux peinés.

Je sais my love, mais ces larmes là sont remplies du simple bonheur de pouvoir aider son prochain dans le besoin. Ce sont des larmes toutes douces. Ces larmes là, c’est de l’eau salée teintée d’espoir. Ce ne sont pas des larmes qui crèvent le cœur comme celles qui me tordent l’âme lorsque je regarde Atlantik et me prépare à l’inévitable...

Puis, le flot de mes émotions chavirées se calme. Il reste cependant si présent que je le sens encore bouillonner là, tout prés, à la surface de chaque sensation. Un flot sans fin prêt à rejaillir à la moindre occasion, prêt à me submerger à la moindre émotion...

Pour essayer de chasser cette hypersensibilité qui emporte ma raison, je me pose en jupe, sous le soleil brûlant de la terrasse retrouvée. Du soleil pour réchauffer ma peau couleur de lune, du soleil pour se souvenir de cette vie qui a un goût de paradis et qui se vit l’été sous nos lointaines latitudes. Entre deux souffles de vents, mes mots s’évadent entre la plume et le papier qui ensuite les confiera au clavier qui les laissera s’envoler dans l’invisible sphère où ils pourront se faire attraper par un regard une pensée, avant de se retrouver bien sages et rangés dans les archives de ce jardin de mots épars...

Je tiens à dire que les mots de gentillesse déposés ici par plusieurs, me sont autant de petites secondes débordantes de chaleur humaine. Cela me met un peu de baume au coeur. Merci beaucoup.

Isabelle m'a offert aujourd'hui ces mots que je pose ici comme autant de graines d'humanité partagée:

"Le chagrin est une sorte de chat sauvage, de couleur grise. Son cri est plutôt triste et lugubre. Il faut se mettre à plusieurs pour en venir à bout. Car, tout seul, on arrive mal à chasser le chagrin." (Francis Blanche)

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