Lunes après lunes, elle n’en finissait plus de grossir! Tant et si bien que je crus un temps qu’elle allait finir par exploser! Heureusement, cela n’arriva pas et de son énorme ventre sortit 3 minuscules bébés...
J’étais comblé, fier de voir ma famille s’agrandir, je chassais avec succès. Le jardin était rempli d’herbe fraîche. Le soleil chauffait les feuilles qui abritaient les siestes tranquilles. La vie était belle. J'étais heureux...
Avec les jours qui passent toujours plus difficiles, je m’accroche à la vie. J’utilise le peu de temps qu’il me reste pour reprendre le fil de ma mémoire. Où en étais-je donc? Ah! Oui! L’été des premières naissances...
Bamboo se révéla une mère extraordinaire. Elle qui était si revêche s’adoucit considérablement. Nous discutions plus souvent et je pense qu’elle commença à réellement m’apprécier. Comme elle ne pouvait sortir avec ses petites accrochés à ses énormes tétines, parfois je lui ramenai des souris pour la distraire, cela l’amusait beaucoup...
- Bamboo, regarde! J’ai attrapé une souris. J’ai pas faim, tu peux la grignoter si tu veux...
- Oh! Mais tu sais que Maîtresse n’aime pas trouver des souris dans la maison! Pourtant c'est vrai qu'elle a l'air bonne...
- Alors tu n’as qu’à la manger vite et tout ira bien. Comment vont les petites?
- Elles vont bien. Elles grandissent vite, elles ouvrent déjà les yeux..
En effet, c'est qu’elles grandirent vite ces petites. Maîtresse les baptisa de nouveaux noms, Gaia, Sumiko et Petite Crevette...
Les jours se déroulaient paisiblement. À l’ombre de mon sapin préféré, j’avais l’œil sur mon domaine. Maîtresse semblait captivée par les petites chattes mais elle gardait toujours des moments juste pour nous deux, des moments d’affection partagée qui égayaient le fil de mes journées bien remplies...
J'aimais bien me frotter contre ses longues pattes douces lorsqu'elle remuait la terre dehors. Je me roulais à ses pieds, le nez plein de terre humide. Elle mouillait le sol lorsqu’il était sec, elle creusait des petits trous. Elle retournait la terre, la regardait, la caressait, me caressait, je ronronnais...
Puis les grands soleils jaunes poussaient et ils s'élevaient si haut dans le ciel que je me demandais quelle en était leur nature. Arbres ou plantes? Je ne n'arrivais pas à me décider. Quoi qu'ils soient, c'était surtout de merveilleux "attrape-oiseau". Même si Maîtresse n'était pas contente lorsque je croquais ces bestioles volantes, je ne pouvais m'empêcher de les surveiller de très près...
J’ai toujours beaucoup aimé les écureuils. Je consacre une grande partie de mes étés à chasser ces bestioles qui croient me narguer du haut de leurs feuilles. Je connus plusieurs succés au cours de mes différentes chasse. Cela m'a toujours amusé que de ramener un écureuil à la maison et de le regarder courir complétement terrifié entre les murs fermés de mon territoire...
J'aimais bien regarder grandir les petites chattes. Je les trouvais mignonnes les "p'tiotes", j’étais le roi de mon domaine et j'en étais fier...
L’hiver arriva et c'est avec son confinement forcé que je découvris pour la première fois les joies du Harem. Avec mes chattes à mes cotés, je laissais passer les jours de neige et d’ennui avec un calme mesuré. Durant ce premier hiver de famille agrandie, les petites de Bamboo se transformèrent en chattes de charmes. Elles étaient agréables et rigolotes, ma patience avec elles étaient sans limites. Mais lorsque que le printemps revint, encore se produit la même fièvre étrange. Mes chattes semblaient toutes atteintes d’un syndrome de folie aigue que je devinais sans vraiment comprendre...
Bien vite le cirque du roucoulement et frottage de derrière recommença. Je commençais à me demander si tout cela ne faisait pas partie de la nature, si tout cela n’était pas relié à quelque chose qui m’échappait encore...
Elles appelèrent de leurs plaintes incessantes les mâles du quartier. Cette fois-ci je décidai de m'en mêler et un matin, au détour d’un sapin, j’en chopai un...
- Halte toi! De quel droit tu traverses ainsi mon domaine!!!
- 'Scuse, Heu, je croyais, c’est pas le domaine des chattes esseulées ici?
- En effet, il y a ici des chattes mais elle ne sont pas seules! Je suis Atlantik, le roi de ce territoire! N’as-tu pas sentit mes marques en t’approchant de si prés?
- Ah! Oui, mais je savais pas si tu demeurais encore là où si y’avais juste des chattes. Désolé, je ne voulais pas t’offusquer! Je vis non loin d’ici, mon territoire est à l’angle de la creusée sud, prés de la mare aux canards...
- Ah! C’est toi qui règnes là. Oui je connais! Je suis déjà passé par là durant l’une de mes explorations...
- Mais que viens-tu faire ici? Pourquoi veux-tu voir l’une de mes chattes?
- J’ai entendu leurs complaintes. J’ai senti leur urgence. Cela a réveillé mes pulsions! Tu n’as pas le don? Tu ne les entends pas?
- Le don? Le don de quoi? Je ne comprends pas...
- Le don de vie, lorsque chauffent les femelles et qu’il faut les ensemencer?
- Ah! Non, je n’en connaissais pas l’existence, je ne crois pas posséder ce don. Il est certain que je remarque leurs troubles, elles sont à moitié folles ces jours-ci...
- Je peux les aider si tu me laisses passer! Et je te donne carte de chasse sur mon territoire. Tu n’auras qu’à venir me voir et me dire si elles se sont calmées...
Le dos au sapin, je réfléchis un instant, le poil semi hérissé, pas vraiment menaçant mais quand même méfiant! Je gardai le silence un long moment. Ce gros matou m’inspirait malgré tout confiance. Je sentais la vérité dans ses vibrations. Je me dis que je devrais méditer sur ces propos, je décidai de le laisser aller à sa guise et je retournai à mes affaires. J’en profitai pour faire l’un de ces délicieux somme entre deux branches fraîches...
Avec la saison qui se termina en couleurs, mes chattes se remirent à grossir, grossir... Nous eûmes bientôt plus de bébés à la maison que je ne savais compter! J’étais le roi de mon domaine, le roi de mon Harem. Ma maîtresse m’aimait toujours autant et me choyait en douceur. Les saisons se passaient dans le jeu et la joie, la vie était belle. J’apprenais aux petits les choses essentielles de notre univers. J’étais un chef de famille respecté et apprécié. J’étais dans la force de l’âge, grand, musclé, fort, je me pensais invincible...
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