Bientôt notre famille s’agrandit. Maîtresse adopta une drôle de chatte adulte avec la face toute plate! Elle avait bien mauvais caractère. Pourtant ma douceur eut vite fait de ses colères et nous devinrent de bons amis malgré nos races différentes. Je finis même par la trouver belle avec son minuscule nez qui s’enfonçait entre ses deux yeux citrouilles. Je ne le savais pas encore, mais cette drôle de chatte allait révolutionner ma vie...
Elle arriva chez nous un jour d’hiver. Au début elle me sifflait dés que je m’approchais. Elle me fixait un œil mauvais et semblait toujours de bien mauvaise humeur.
- Eh, eh, eh, pourquoi tu me siffles, je ne t’ai rien fait!
- Schhhh, ne t’approche pas scélérat ou je t’arrache un œil...
- Mais arrête donc avec tes histoires à la noix! Tu vas pas m’arracher un œil tu es aussi légère qu’une plume, et puis tu es minuscule! Tu es sure que tu es une femelle finie?
- Schhh, je ne désire pas discuter avec toi! Et je t’ai dit de ne pas m’approcher!
- Tu sais, tu es la première femelle que je rencontre! Avant toi j’ai eu un frère et un compagnon de jeu mais je savais pas que les filles étaient aussi méchantes! On pourrait devenir amis si tu voulais être gentille et arrêter de me siffler...
- Pourquoi tu continues de me déranger? Tu es une vraie poisse comme mâle! Tu sauras, pour ta gouverne, que je ne suis pas une femelle comme les autres, je suis Bamboo la belle!
- Ah! Ok! C’est bien, moi je suis Atlantik. On peut se parler maintenant?
- Non! Laisse moi tranquille!
Plusieurs lunes et soleils passèrent, mais c’est avec l’arrivée du printemps que se mirent à fondre ses airs de glace. Bientôt ce fut presque l’ébullition...
Sans que je comprenne ni pourquoi, ni comment, cette chatte devint des plus étranges à mesure que se réchauffait le soleil. Elle roucoulait en roulant du derrière sur le parterre. Elle se frottait sans cesse les fesses et rampait en roucoulant, le regard éperdu attendant de moi je ne sais quoi! J’eau beau lui expliquer que je ne pensais pas être en mesure de soulager son trouble, elle ne voulut rien savoir et continua ses simagrées! J’étais déconcerté et je me demandais bien ce qui allait se passer et que faire pour la calmer...
- Mais arrête, tu es fatigante! D’abord tu veux pas me parler et là tu me lâches plus!
- Grrr, mais c’est que je n’avais jamais vu que tu étais si beau male. Grrr... Tu es si félin, ta démarche me renverse, s’il te plait viens...
- Tu racontes n’importe quoi, je ne te comprends pas, arrête de te frotter!!!
- Ggrrr, mais tu es si magnétique que tout mon poil se hérisse, grrr...
- T’es sur que t’es pas un peu folle? Tu as pas croqué un herbe empoissonnée pendant ta dernière promenade? Faut te calmer ma belle...
J’en profitais pour m’esquiver en douceur et me cacher au fond d’un placard où elle n’avait jamais l’idée de me chercher.
À force, de la voir gémir et tourner en rond je crus virer fou. Je ne savais plus ce qui était normal. Étais-je fou, était-elle folle? Je pensais à Grégère et je me demandais ce qu’il aurait pensé de tout cela. Je repensais à l’une de nos multiples conversations à l’ombre du placard sacré de la ville gigantesque.
- Greg, pourquoi tu veux toujours essayer de passer la porte interdite? Tu es pas bien là avec nous. Pourquoi tu veux quitter Maîtresse?
- Petiot, je ne veux pas partir pour ne plus revenir. Je voudrais juste aller faire un tour dans l’ailleurs du dehors. Je veux découvrir les choses de la vie et connaître les autres et puis ensuite je reviendrais! Je vous aime, toi et Maîtresse êtes ma famille, je ne veux pas vous quitter! Je rêve juste de connaître d’autres choses que le territoire de ce foyer...
- Mais tu veux connaître quoi? C’est qui les autres?
- Je veux connaître les arbres et les herbes, les terriers et les cachettes des souris, je veux faire mon travail de chat. Trouver une une famille de souris, tuer la mère et croquer tous les petits! Et puis je voudrais aussi connaître une femelle des autres...
- Mais c’est qui les autres?
- Tu es bêta quand tu veux, j’y crois pas! Les Autres! Ceux qui sont comme nous! Ceux de la tribu féline des ancêtres sacrés! Tu n’as donc pas hérité de la mémoire?
- La mémoire? Les autres comme nous? Ceux qu’on voit parfois du balcon?
- Bon, ben tu es pas si niais finalement! Tu ne sens pas la mémoire en toi, tu ne vas jamais la consulter?
- De quoi tu parles, quelle mémoire, je suis chat et je le sais, consulter?!? Je comprends rien. Pourquoi t’es toujours le plus intelligent! C’est pas juste!
- Vois-tu, tu me surprends petit! Je pensais que tous les chats possédaient la mémoire! Cela doit changer avec les races, tu as trop de poils. Nos ancêtres ne sont pas tout à fait les mêmes...
- C’est pas vrai, je suis un chat! Comme toi!
- Oui, tu es un chat mais je ne connais pas ta race. Moi je fais partie de la grande lignée des panthères d’ébène, mais pas toi! Tu ne connais pas ta race?
- Miii non! Je suis pas comme toi? On est pas tous pareils?
- Oui et non! On est pareils mais différents, tu vois c’est pour cela que je veux aller voir le dehors pour mieux comprendre tout ces choses...
- Ahh... Oh... Bon, je crois que je vais dormir un peu, je suis fatigué maintenant...
Ce n’est qu’après avoir fait la connaissance de cette chatte à la face toute plate, que je commençai à comprendre le sens de ce qu’essayait de me dire mon frère, en ce jour si loin, dans ma mémoire pas comme la sienne...
Mais revenons à Bamboo et à ses troubles de personnalités. Durant l’hiver nous avions changé de maison et avec le printemps qui a amené l’été, j’étais prêt à explorer mon nouveau domaine. Bamboo me suivit timidement, et soudain le miracle arriva...
Elle rencontra un voisin mâle et disparut avec lui durant plusieurs soleils. Ce fut magique! Après cette nouvelle rencontre, elle se calma enfin. Elle devint même beaucoup plus courtoise avec moi. Cependant plus elle devenait gentille et plus elle grossissait!
Lunes après lunes, elle n’en finissait plus de grossir! Tant et si bien que je crus un temps qu’elle allait finir par exploser! Heureusement, cela n’arriva pas et de son énorme ventre sortit 3 minuscules bébés...
J’étais comblé, fier de voir ma famille s’agrandir, je chassais avec succès. Le jardin était rempli d’herbe fraîche. Le soleil chauffait les feuilles qui abritaient les siestes tranquilles. La vie était belle. J'étais heureux...
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