Trois heures de calme entre deux cours où je visite les deux cotés de la médaille...
Une fin de semaine superbe avec un temps magique et plein de petits bonheurs tout simples, de soleil à gogo à regarder rougir les feuilles et à assimiler doucement la transition effectuée…
Une fin de semaine vécue dehors à essayer d’absorber le maximum de chaleur, de lumière, car bientôt ces journées ne seront plus que de la brume de souvenirs…
Samedi matin, Juan s’était inscrit au petit tournoi amical de la ligue de tennis du village voisin Ste-C. Il n’a pas touché une raquette depuis cinq ans, mais il semble prêt à regouter au filet. Sans raquette mais avec l’envie de jouer au tripes, je l’entends partir tôt le matin…
… Pour le voir revenir aux alentours de midi tout guilleret :
- Étol, j’ai gagné, je me suis dérouillé et je me rappelle plein de trucs, j’ai un autre match à 2hres !
À peine réveillée, je mets un peu de temps à assimiler… Il m’explique que c’est une toute petite ligue, il doit y avoir une trentaine de membres, c’est le village ! Que les deux cours de tennis sont au bord de la rivière et qu’il a disputé un match contre un petit jeune d’une quinzaine d’années, ce qui fait qu’il n’eut pas trop de mal à gagner même s’il est tout rouillé et récemment réparé de son cou cassé.…
Des tréfonds de lui même, sa nature de tennisman refait surface. Ses jeux de jambes lui reviennent et il est tout fou de se rappeler son époque sportive…
Je décide donc de repartir avec lui, armé de mon appareil photo. Son match suivant est contre l’ancien champion en titre du village Dan, qui a repris en main la petite ligue et qui a relancé le fameux tournoi de fin d’été.
- Dis, Dan, le gagnant il repart avec quoi ?
- Son honneur, me répondit-il en riant. L’année prochaine on devrait être capable d’avoir un trophée. Mais cette année, le vainqueur remporte l’honneur et la gloire d’avoir gagné…
La partie commence et je découvre bouche bée (tout comme la majorité de l’assistance) mon Juan en plein show !!!
Ses mouvements sont précis et fluides. Un certain style se dégage de son jeu et il enthousiaste le public avec ses balles à effets qui laissent ses adversaires désarmés et dépités…
Il se permet même en milieu de match des petits « moves » dont un où il renvoie la balle, la raquette entre les jambes. Ce qui lui vaut une salve d’applaudissement du public attentif…
Il dispute avec Dan, qui a aussi une bonne technique, un match serré et même si Dan se défend avec la bravoure d’un lion dans l’arène. Avec sa trentaine essoufflée et sa petite bedaine, il n’a que peu de chances devant Juan qui retrouve les leçons de son passé et s’amuse tout seul à apprivoiser son corps retrouvé…
Finalement Juan l’emporte et continue sa lancée victorieuse en cette superbe journée ensoleillée. Il affrontera ensuite un trappeur avec un bon service mais qui ne résista pas longtemps à Juan en pleine forme. Puis vint un autre petit jeune, fierté locale pour son talent sportif et son coup droit percutant. Juan, qui était un peu sous le coup de la fatigue mais bien réchauffé n’en fit qu’une bouchée. Il dira ensuite :
- Lui, j’ai été un peu chien, j’ai joué un peu cheap, mais je fatiguais et je voulais passer vite au travers…
Au deuxième set, le jeune garçon de seize ans perdit son mental et se vit écrasé sous la puissance des balles de Juan et perdit sans arriver à mettre un point…
C’est qu’il me fit saliver mon bougre d’homme à se démener comme un fauve sur ce cours de tennis en plein après midi. À le voir suer, courir, sauter, j’en étais toute émoustillée…
Arrive la finale avec p’tit cul de dix-sept ans qui se débrouillait bien mais qui après avoir vu Juan jouer sur le terrain commença la partie un peu désappointé. En deux petits sets de 4-1, 4-0, Juan remporta la partie et le tournoi ! Il gagna l’honneur d’être le champion 2003 de la ligue de tennis de Ste-C.
Victoire absolue de Juan mon amour ! Autant dire que j’étais toute fière, la poupoune de service en admiration devant le grand champion. Bref, ce fut une belle journée où comme me dit Juan, il eut l’impression de gagner une victoire sur la mort, car être capable de jouer six matchs en une journée presque un an jour pour jour après son opération, c’était la plus belle des victoires… Il se sentait reconnaissait envers la vie qui l’avait épargné une fois encore et respirait la plénitude humaine…
Dimanche se passa comme un charme entre ménage, soleil, lac et feu…
Yann et Nath vinrent passer la fin d’après midi à la campagne en notre maison de tournesols et ce fut, ma foi, bien agréable de partager avec eux ce superbe dimanche de septembre…
Conversations qui enrichissent, rigolades et de bons verres de vin, un petit feu, des grillades, des guimauves qui boursouflent et dorent sous la chaleur des flammes et c’est bien vite le temps de se coucher pour laisser se commencer une nouvelle semaine de travail…
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