Pure tristesse, tristesse pure…
J’écris les yeux plein de brume, l’âme bien en peine…
Bamboo n’est plus…
Nous l’avions recueilli il y a trois ans, ses premiers maîtres ne l’aimaient pas, ils se moquaient de sa face aplatie et de son caractère grincheux. Pourtant au bout de quelques jours, nous nous étions habitués à sa différence, Atlantik l’avait adopté et Juan était en amour. C’était le début d’une grande histoire, riche en chats et en expériences félines. Merci Bamboo tu nous as donné beaucoup, tu étais belle et sage…
Ma tristesse est grande, je pleure depuis hier soir des larmes de révolte et de résignation qui se mélangent en de tendres souvenirs. La peine est si proche qu’elle efface mes mots…
Je pense à tous ceux qui ont perdu un être cher, à ce vide qui se creuse soudain. Je repense à Mouette qui a perdu sa sœur, à Thierry aussi, le vide doit alors être un gouffre qui avale les jours entiers dans sa noirceur…
Bamboo avait une maladie grave, mortelle à court terme. Sa souffrance ne faisait que commencer, et les moyens demandés pour essayer de la sauver, hors de notre portée…
Nous avons longuement discuté avec le vétérinaire, entre nous, avec le vétérinaire encore, essayer d’envisager toutes les options, toutes les solutions. Toujours revenir à la même. Devoir regarder la vérité en face, prendre une décision responsable. Une décision si lourde et difficile que l’on ne peut que la concevoir devant la souffrance de l’animal que l’on aime. Si l’on ne peut soigner, si le résultat est irréversible, si l’agonie est là, si prés que l’on peut la toucher du doigt, la sentir pénétrer ses narines en une puanteur morbide, quelle autre solution que d’abréger les souffrances ? Pourquoi la vie impose-t-elle des choix si cruels ? Décider de ne pas laisser le mal ronger le corps, libérer l’âme de l’animal…
Mes larmes ont vite commencé à couler, chaudes et silencieuses, la madame vétérinaire fut très bien, très compréhensive, humaine, son infirmière aussi, deux femmes, blondes et douces comme des anges. Elle nous appris que Bamboo avait attrapé une bactérie, il y a un mot scientifique, j’ai été incapable de l’enregistrer. Son cas était grave. Cela arrivait parfois chez les chattes pas opérée. Des chaleurs qui tournent mal, une grossesse qui vire en foyer d’infection pour accoucher purulente de la maladie déclarée. Juan est tombé des nues. J’ai réalisé la nature des choses et notre inconscience, notre ignorance vis a vis de certains de ces cotés obscurs de la vie...
C’était un chat de race, elle aimait ses petits, elle maternait à merveille. Elle se transformait alors en une boule de douceur et de gentillesse, elle semblait s’épanouir alors. Nous l’avions surnommée affectueusement la Mère Supérieure. Nous pensions la faire opérer bientôt, mais nous lui laissions une dernière grossesse, vu que la dernière s’était mal passée. Elle avait accouché le jour de l’opération délicate de Juan, il avait survécu, elle avait perdu tous ses petits. C’était le signe que nous avions manqué, l’année passée fut difficile, il faut l’avouer…
Et maintenant, il y avait cette maladie qui se propageait à grande vitesse, qui en à peine deux jours avait transformé Bamboo. Il était déjà trop tard, pour elle, pour nous…
Depuis une semaine, j’avais remarqué le problème, j’en avais parlé à Juan qui n’avait pas tilté, il ne la voyait que le soir ces derniers mois. Depuis trois jours, je m’inquiétais sérieusement et hier il m’a semblé voir, sentir la gravité de la situation. J’ai pris rendez vous et dés le retour de Juan, nous avons emmené Bamboo se faire examiner. Je pressentais le pire…
Bamboo cachait une grande gentillesse et une facilité d’être, elle me manquera beaucoup. Juan aussi a pleuré sur le coup, mais c’est un homme, même sensible, une fois le choc passé, il relativise plus qu’il « n’émotive »…
J’épargnerai ici les détails de ses souffrances. La vétérinaire nous expliqua les tenants et les aboutissants de sa maladie, ce qui s’échappait du corps à Bamboo depuis deux jours n’était scientifiquement pas difficile à comprendre. Une de ces maladies de femmes qui tuent, l’on y pouvait rien, c’était la mort qui accompagne la vie. C’était l’un des moments les plus difficile émotionnellement de ma vie, et pourtant j’en ai déjà connu des batailles…
Il y a des moments trop forts, où l’émotion est si aiguisée que les mots s’envolent et refusent de se laisser attraper par l’esprit, ils refusent de vibrer sous les regards. Ils se sauvent du cerveau pour plonger comme un poignard dans le coeur . Hier soir fut l’un de ces moments. Tout en larmes et en douceur. Une réalité tranchante à affronter. La raison nous dit que la décision prise est la plus responsable, la plus adulte, la plus sensée, mais le cœur pleure des sanglots de révoltes et de peines…
Dehors la pluie s'est remise à tomber. Non! Ce ne sont que les feuilles qui bruissent, alors c'est en moi que ça inonde. Juan reste à la maison aujourd'hui, il nous reste encore un devoir, nous avons choisi de la ramener pour l'enterrer là où elle fut heureuse, au milieu des arbres et de la forêt, alors je m’en vais pleurer doucement une grande tendresse qui ne se vivra plus jamais au fil des jours qui passent...
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