J’aimerais dire qu’à mes heures perdues, je partage mon savoir avec des enfants pauvres, mais ce serait un mensonge. Disons plutôt que pour mettre du beurre dans les épinards de mon quotidien, je suis tutrice. C’est un mot vieilli, aide au devoir ou soutien-scolaire, c’est plus mode. Enfin dans les faits, la fonction relève plus du tuteur que d’autre chose.
Les enfants dont je m’occupe ont entre 7 et 11 ans, petits rats du primaire, avec tous, cette démarche un peu bancale qui les amènent à mon service. Je travaille au village. C’est un belle « jobine ». J’aime voir ces mini personnes progresser, j’aime développer avec eux des relations intéressantes, enrichissantes, de celles qui traversent les générations…
J’aime partager avec eux mon amour de la langue, ma joie du vocabulaire, quelques gouttes de culture, j’exècre les mathématiques qui m’hérissent le poil autant qu’eux, mais que ma condition d’adulte me permet d’accepter...
Ce qui est le moins drôle, pas le plus pénible, mais certainement le plus complexe: être l’équilibre entre la maison et l’école. Assumer cette pression inhérente à l’emploi, de pousser à la performance des enfants récalcitrants, et souvent gâtés à la moelle. Ce qui est normal cela dit, mes services n’étant point gratuit, j’en vois certains bien privilégiés matériellement… Je fais donc le lien entre l’école et les parents, je n’ai pas à me plaindre, tout se passe toujours au mieux. Pourtant à chaque fois que je deale avec ce coté là de la médaille, la pression pèse sur mes faibles épaules, et je fatigue…
Pourquoi tout ce blabla ? Me direz-vous… Comment ça je parle autant de moi ?
Je sors d’une séance de réflexions intenses avec la maîtresse d’une petite fille pour qui l’école c’est pas facile ! Pauvre pitchounette qui doit travailler deux fois plus fort que ses camarades pour arriver à suivre le flot de sa classe. Ce qui n’enlève rien à son charme et à ses possibilités. J’imagine qu’aujourd’hui mes mots ont été à son service plutôt qu’au mien… Meilleure chance demain ! Ce soir, je vais me reposer les idées….
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