jeudi, avril 28, 2016

Se déconstiper les muscles, un étirement de yoga à la fois...



Trois mois d'inactivité physique pour cause de commotion cérébrale. C'est la plus longue période où Miss Soleil n'aura pu faire aucun sport.

Je réalise que depuis qu'elle marche (à neuf mois), elle n'arrête pas de bouger et de s'activer. Elle aime le mouvement. Elle adore sauter, courir, faire des roues...

Elle déteste ne plus pouvoir bouger, ne plus pouvoir faire de gymnastique ou de ballet. Cela lui mine sérieusement le moral enfantin.

Son naturel sportif est extrêmement frustré de cette situation. Elle se sent ramollir et cela n'arrête pas de la désoler.

Alors qu'elle a enfin le droit de recommencer, progressivement, quelques activités physiques, de son propre chef, elle décide de faire du yoga quotidiennement.

Après l'une de ces méditations qui s’intègrent en ses aires de repos, elle déniche, elle même, quelques vidéos sur YouTube et s'installe confortablement dans le salon. Elle s'étire et s'assouplit avec un plaisir palpable qui me fait sourire.

 Après sa deuxième séance de salon, elle s'exclame d'un ton enthousiaste: "Ah! Ça fait trop du bien, j'étais vraiment constipée des muscles!"

Commotion cérébrale et école à la maison...


Il neigeotte de bon matin et l'on se demande vraiment quand arrivera le printemps! Dans la grisaille du ciel persiste l'espoir de meilleurs jours. Le plus dur n'est-il pas supposé être passé?

Dans la cuisine se déroule l'heure d'école à domicile donnée par une sympathique suppléante. Depuis le 4 février dernier, notre quotidien a pris le rythme de la commotion cérébrale de la puce. Enfin la neuropsychologue qui la suit à l'IRDPQ a donné le go pour l'école à la maison. Deux heures par semaine...

Ce nouveau repère que l'on pose en cet univers de "commo" (qui m'aspire toute entière) m'allège un peu de ce poids qui pèse sur mes épaules. Les trois premières semaines après l'incident scolaire qui l'a bien blessée, le poids sur mes épaules était si lourd qu'il absorbait toute mon énergie vitale. Jamais je ne me suis autant battue pour le bien-être de mon enfant! Un roman en soi...

Notre entrée à l'IRDPQ m'a permis de respirer de nouveau. Je n'étais plus seule à me battre pour l'aider à retrouver sa santé! L'équipe médicale qui a pris en charge son cas est dévouée et nous inspire confiance. L'on se sent bien moins seul en notre galère.

La "commo" c'est poche longtemps!

Pour m'aider à la tâche quotidienne, l'homme prend plusieurs congés. Mes problèmes de santé n'aident pas à nous faciliter le tout. Il est en train d'y passer ses vacances d'été!

Un quotidien de récupération de "commo" c'est lourd et c'est pesant. C'est long et c'est contraignant. La discipline de repos semble bien injuste à la puce qui n'en finit plus d'avoir mal à la tête.

En équipe conjugale, l'on affronte avec détermination cette épreuve qui afflige notre enfant chérie. C'est une nouvelle expérience pour les parents que nous sommes. Le souci nous blanchit les cheveux mais on tient bon la barre.

Cette semaine, avec la reprise progressive de l'activité scolaire, débute enfin la stimulation cognitive. Durant trois mois, elle a été privée de toute stimulation cognitive. De quoi péter une ou deux coches pour la première fois de sa vie! Une autre expérience nouvelle pour notre parentitude...

Les animaux de maison ont participé à l'aider à se sentir moins seule en son épreuve. Pas de musique ni d'écran, pas de lecture ni d'écriture, pas de sports ni d'activités culturelles, rien que du repos, de l'ennui, des livres audio, de la méditation, des Playmobils, quelques visites amicales et des migraines à gogo. Mon cœur de mère n'a jamais autant souffert.

Alors qu'on entame le quatrième mois de "commo" l'on note une subtile amélioration de son état général. De celle qui nous permet de retrouver la musique et d'avoir un service d'école à domicile. Ce n'est pas flagrant mais c'est assez perceptible pour que je m'en nourrisse le cœur souffrant.

L'on espère (et l'on prie) qu'elle pourra reprendre l'école en septembre prochain sans séquelle aucune. Alors qu'elle a dû mettre sa vie en pause, j'ai réalisé à quel point c'était une enfant performante. Et je garde au fond de mes entrailles cette inquiétude trouble qu'elle ne puisse de nouveau exploiter son plein potentiel.

La peur profonde que ce potentiel soit diminuée par cette blessure révoltante me serre régulièrement les entrailles mais je refuse de la laisser monter à la surface. Je travaille à mettre en place un quotidien de récupération qui lui donne toutes les chances de se remettre complètement.

Quand l'école débarque dans le salon...

Je suis heureuse de la voir reprendre progressivement le travail scolaire en compagnie de la suppléante assignée à son dossier. Ses excellents résultats scolaire depuis la maternelle ont permis à la directrice de son école de certifier son passage en 5ième année dès le 15 février.

Madame Anne est dans la mi-vingtaine et, super coïncidence, elle est migraineuse depuis son enfance.

Du coup, elle comprend bien les maux de tête et l’incompréhension des autres face à ce type de problème. La Miss apprécie sa compréhension.

Durant le premier cours à domicile, je dois quand même remettre quelques pendules à l'heure et rappeler le contexte de la situation présente.

La maîtresse de classe ne semble toujours n'avoir rien compris à la situation lorsqu'elle en a discuté avec la suppléante. Ce qui ne m'étonne point vu le niveau d'immaturité avec lequel elle a géré le problème.

Sachant qu'elle ne nous a pas donné signe de vie depuis le fameux soir où elle m'a raccroché au nez parce-que mon ton ne lui convenait pas. Il y a deux mois de cela. Je ne m'attends plus à grand chose de pertinent de la part de cette enseignante insignifiante qui m'aura on ne peut plus déçue en cette malheureuse expérience. Une autre roman en soi. Enfin rendu là, c'est avec la directrice que je communique...

Bref, j'ai avalé ma frustration et j'ai réexpliqué, calmement, que la Miss ne ferait aucune évaluation ou examen d'ici la fin de l'année. On commence super mollo. Son passage en 5ième année étant assuré, l'objectif actuel est simplement de reprendre une pratique scolaire. De stimuler l'intellect. J'ai apprécié l'attitude et l’ouverture d'esprit de cette jeune suppléante qui m'a donné confiance. Au bout de trois cours, l'on apprend a mieux se connaitre et ma confiance continue de croître.

Les parents que nous sommes nous dévouons à ce que Miss Soleil puisse reprendre le cours de son enfance normale d'ici septembre. Jour après jour, j'accompagne ma puce diminuée en ses maux invisibles. Je l'écoute, je la considère, je l'encadre et je fais mon possible pour garder mes angoisses silencieuses. Pour les remplacer par des pensées d'espoir en la vitalité de son enfance...

Nous nous retrouvons ensemble comme lorsqu'elle avait trois ans. Avant qu'elle ne commence la garderie sur une base régulière. De nouveau ensemble. Semaine après semaine. Mois après mois.

Pour voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide, je me dis que c'est là une excellente occasion de solidifier notre relation mère/fille. Plutôt que de penser à combien je peux être épuisée et désespérée, je pense à tous ces moments de complicité qui s'ajoutent dans les tiroirs de nos mémoires respectives.

Peut-être même que nous y cultivons là une force qui nous servira durant les méandres de son adolescence?

mardi, avril 26, 2016

Brève du soir, bonsoir!

Tout en faisant sa vinaigrette, la puce explique la vie à son père: "À partir de 13 ans, je serai une pré-femme mais avant ça je suis une fillette!".

Pendant que père et fille discute de l'être féminin, la chienne dans le salon lave, avec cœur, les oreilles du chat (qu'elle a longtemps allaité).  Je les observe du coin de l’œil. Amusée. Aucun doute à avoir, ce chat a définitivement les oreilles les plus propres du quartier!


Printemps es-tu là?

Début février, notre quotidien a basculé en une nouvelle routine, celle de la commotion cérébrale de Miss Soleil...

Depuis, on chemine en parallèle de la normalité. On en fonde une nouvelle avec les cartes que nous donnent cette blessure d'enfance qui s'est déroulée dans la cour d'école.

La mère que je suis n'a jamais été angoissée de la santé de son rejeton. Jamais je ne me suis autant battue pour la protéger et la préserver. J'en digère encore le processus en cours... 

Depuis plus de trois mois Miss Soleil est à la maison, Je couve le cours de ses jours. En sa discipline de repos de commotion, elle doit vivre le rythme d'un enfant de trois ans. Ce qui lui amène énormément de frustration intérieure. Elle traverse présentement une épreuve qui souvent la dépasse. Et pour la première fois de ma vie, je réalise l'utilité de mon expérience acquise.

J'ai moi-même eu un sérieux accident à douze ans. Traumatisme crânien, cervicales fêlées, duremère sectionnée. J'ai dû réapprendre à marcher et j'en ai gardé des séquelles qui me suivent depuis. J'espère qu'en cette blessure que l'on soigne, elle pourra se rétablir sans séquelle et reprendre son train train quotidien avec la rentrée scolaire de septembre.

L'équipe médicale qui la suit nous nourrit d'espoir et nous encourage à la patience. Une patience que l'on cultive semaine après semaine...

Entre ses symptômes de commotion qui vont des maux de tête, à la nausée, en passant par l'hypersensibilité au bruit et à la lumière, se faufilent toutes sortes d'émotions et de comportements déstabilisants pour ses dix ans. Elle est aussi très troublée par l'invisibilité de sa blessure et se sent particulièrement incomprise par les autres. Pour la première fois de sa vie, en cette situation, elle fait face à des préjugés qui la blesse.

Tout comme sa vie est en pause, j'ai mise la mienne en suspension. La peine que je ressens à la voir traverser ses semaines en douleur est profonde. Je l'encadre et je la guide avec cœur. Je sais combien le processus est long et invisible. J'ai eu assez de problèmes de santé au cours de ma vie pour bien comprendre la situation. Je l'accompagne en ses maux tout en les considérant. Sans les minimiser. J'écoute ses émotions et j'essaie de lui montrer une direction où cheminer. Je lui explique qu'elle peut en ressortir plus forte si elle le décide...

Avec le printemps qui arrive timidement, on reprend pieds. Y'a rien de meilleur pour le moral que de voir fondre la neige! Alors même s'il fait cinq degrés au soleil et moins de zéro dans le vent, je nous organise notre premier pique-nique de saison. De quoi s'aérer les idées tourmentées et retrouver quelques bribes de lac bleuté.

Évidement la Miss ne résiste pas à tenter le diable en testant la glace. Sous le regard alerte de la mère qui connait bien ce jeu de printemps. Évidement, je rate ce moment crucial où elle finit par casser la glace et mettre les deux pieds dans l'eau! Mais le fun est de la partie. C'est une tradition familiale qu'elle poursuit. Une tradition que l'on pratique depuis avant sa naissance. Alors qu'elle reprend un peu de mieux (et moi avec), je me reconnecte. Prête à repartir pour un tour de saison...

Une vidéo publiée par @etolane le

Au front du diabète...

Ces derniers temps, aller à différents rendez-vous médicaux est la routine.

Cette fois-ci c'est pour l'homme que l'on se déplace à l'hôpital en famille.

Avant de filer chez l'ostéo pour que la puce et ma face déglinguée se fassent traiter...

Deux heures dans le bureau de la nutritionniste pour nous remettre les pendules à l'heure.

Miss Soleil adore l'expérience. Elle a un faible pour la nutrition et en connait tout un rayon pour son âge.

Il est d'ailleurs plus difficile de lui faire manger des bonbons que des légumes!

Devant mon diabétique déréglé (de type 1), la nutritionniste fronce un ou deux sourcils, se gratte la tête une ou deux fois et se met à notre service avec cœur et considération. Le stress du quotidien des derniers mois a malheureusement aidé le diabète à prendre le dessus.

En trio familial, l'on fait front devant la bête qui devra sagement retourner dans sa cage. Et laisser tranquille l'homme prêt à la mater de nouveau. Cela fait 21 ans qu'il vit avec la bête et il sait comment la combattre. C'est aussi un guerrier! En allant en famille au front, la bête n'a aucune chance... #KickingDiabeteBackIntoTheCage

Une photo publiée par @etolane le

mardi, avril 19, 2016

Paternité sens dessus dessous...


Je tombe sous le charme de ces dessins qui me piquent le coeur.

J'étudie avec curiosité ce phénomène magique en ma maison. Ce lien invisible qui me fascine malgré moi.

Invisible et pourtant si perceptible à la mère sans père qui l'observe...

C'est une magie que j'ai perçu dès la naissance de ma fille. Dès ce premier moment où il l'a posée contre la peau nue de son torse paternel.

À ce moment précis, je l'ai senti instantanément aimer ce bébé tout juste sorti de mon ventre.

J'ai senti son amour paternel l'enrober de son invisible magie (tandis que la docteur me recousait là où ça déchire, je les regardais avec curiosité).

Depuis une décennie, j'observe ce lien qui se tisse entre eux. Il me fait du bien, il baume cette cicatrice en mon cœur. Il me donne l'impression d'avoir cassé un cycle malheureux...

Mais il est où est ton père?

Alors que je lis ce texte de Nicole Nicole Bordeleau, je comprends d'un coup combien j'utilise la colère que je ressens pour changer mes situations existentielles. Et je me rappelle de ma première colère noire.

Je savais bien que contrôler ses colères étaient utiles mais je n'en avais jamais trop réalisé le pourquoi du comment! En cette lecture, quelque chose se précise en mes neurones attentifs...

La première fois que j'ai violemment ressenti, avec rage, une colère noire, j'avais cinq ans. J'étais en l'un de ces rares week-ends en visite chez mon père. Cet inconnu avec lequel je passais si peu de temps.

Ce week-end là, je l'avais passé majoritairement avec une belle - mère sans affection. Il y avait un coffre de jouets dans le salon. Celui de sa fille, âgée de quelques années de plus que moi. Mais celle-ci n'était pas là. Et je n'avais pas le droit d'ouvrir le fameux coffre.

Au bout de deux jours, ce coffre fermé m'enrageait tant que j'en ai ressenti, pour la première fois de ma vie, une vive colère. Qui m'a profondément troublée. Je suis rentrée chez ma mère-grand subtilement perturbée. C’était le début de la fin.

Le mois suivant, le week-end fut encore plus dramatique. Ledit père décida de me laisser seule en son pré de chèvres tandis qu'il allait faire un truc quelque part. Il me plante là en me disant de garder ses chèvres qui broutent. Je me souviens l'avoir regardé avec extrême stupéfaction. Les chèvres étaient plus grandes que moi. Heu... et d'habitude c'est les adultes qui me gardent pas moi qui garde les chèvres!

Il me plante là avec mon tourbillon de réflexions turbulentes. Incapable de bouger d'un poil. L'esprit ultra alerte. Le coeur battant la chamade. J'ai 5 ans et je suis seule au milieu d'un pré de chèvres qui bêlent. Stupéfaite. Évidement, alors que je suis figée de surprise, je vois une chèvre prendre le large et s'enfarger dans les fils barbelés. Je ne bouge pas. Je suis paralysée de stupéfaction devant toute cette situation. Je veux rentrer chez moi. Là bas, chez ma grand-mère.

Arrive le père qui remarque le problème de la chèvre mal prise. Et voilà que je me prends une morale de chèvre, pourquoi j'ai pas bougé, blahblahblah. Je suis muette comme une carpe mais mon cerveau fonctionne à mille à l'heure et je suis en colère!

Sort alors sur le perron la belle - mère qui me gueule dessus. C'est le top du top. J'en ai plein mon casque. Je veux rentrer chez moi. Je ne dis rien. Muette, je les observe gueuler et s'engueuler.

J'attends que vienne le temps qu'on me ramène chez moi. La nuit venue, alors qu'ils sont endormis et que j'écoute les étoiles, je me dis que trop c'est trop. Ma colère est ultime. Je pars. Je sais où est la cabine téléphonique et je connais le numéro de téléphone de ma grand-mère. En pas de sioux, je sors de la chambre, je sors dehors. La nuit est vraiment noire.

Je réalise alors que je n'ai pas de pièce et que je suis toujours trop petite pour atteindre le combiné. Je retourne dans la chambre. Enfin arrive le matin. Je ne dis plus rien jusqu'à ce que l'on me ramène chez moi. Ma colère me dit que c'est la dernière fois que je me retrouverai en une telle situation. Et elle a raison.

Le mois suivant lorsque le père revient me chercher pour le week-end, ma colère est froide, réfléchie. Je l'utilise pour faire la plus grosse crise que j'ai jamais osé faire dans ma vie. Je refuse de repartir avec lui. Ma mère est si outrée de mon comportement qu'elle lui pose un ultimatum. Il ne m'emmène que s'il arrive à me calmer!

Il me prend à part. Il me regarde dans les yeux. Je l'écoute. Il me dit:

- Écoute, tu es une grande fille. Tu comprends les choses. Si tu ne viens pas calmement avec moi, je ne reviendrai plus te chercher. 
- Je ne veux pas aller avec toi. 
- Fais bien attention, si je pars aujourd'hui, c'est la dernière fois que tu me verras. Je ne reviendrai plus jamais te chercher. 
- Je ne veux pas aller avec toi. 
- Tu es sûre? Là je pars et je ne reviendrai plus jamais... 
- Je ne veux pas aller avec toi. 

Ainsi il est parti et il n'est jamais revenu. J'avais cinq ans et la colère avait guidé mon choix. Je ne voulais plus vivre les expériences désagréables que je vivais avec lui. Les expériences désagréables faisaient la norme de mes visites avec lui et je ne ressentais aucune relation sentimentale entre nous.

Sans le savoir, ce jour là, j'ai utilisé la colère, pour la première fois de ma vie, afin de changer une situation qui ne me convenait pas.

J'ai porté la responsabilité de ce choix depuis mes cinq ans. J'ai grandi, puis vieilli, en l'assumant.

Longtemps, durant mon adolescence, je me suis demandée ce qui était le plus dommageable à l'esprit: l'absence ou le traumatisme?

J'ai vécu l'absence paternelle en toute conscience de la chose. Cependant, je suis persuadée que cela m'a évité plusieurs traumatismes psychologiques.

La relation avec ma mère s'étant révélée plus traumatique que constructive, j'avais déjà assez d'un parent immature à gérer.

Deux auraient certainement fait déborder mon vase trop plein.

 Je n'ai pas de père mais elle oui!

Ceci dit, je sais aussi que je ne connaîtrai jamais la magie affective de ce lien qui unit les pères aimants à leurs filles adorées.

Je suis heureuse que ma fille la connaisse, la ressente et la vive au quotidien. Je suis heureuse de faire partie de l'équation familiale de ce phénomène particulier.

Je les regarde s'aimer et j'apprends beaucoup de leur relation. Je m'enrichis le cœur et l’esprit. J'apprends ainsi à mieux percevoir et comprendre ce qu'est le rôle d'un père dans la vie d'une fille. J'apprends de ce que je n'ai jamais connu et je choisis d'en voir la lumière au bout du tunnel...

Préjuger ou être con. Même combat...



La première fois que j'ai été victime de préjugés, je devais avoir 7 ou 8 ans. J'étais en début de primaire. J'aimais bien aller à l'école, j'avais des copains et des copines, tout me semblait normal. Et puis, un jour de milieu d'année, une copine dont j'ai oublié le nom m'a dit, durant une récréation, qu'elle n'avait plus le droit de jouer avec moi.

Heu. Okay. Elle m'a alors expliqué que ses parents ne voulaient pas qu'elle joue avec une enfant de divorcés. Heu. Okay. Ce jour là, j'ai réalisé que j'étais, en effet, la seule enfant de divorcés en ma petite école jurassienne.

Comme mes parents avaient divorcé lorsque j'avais 9 mois, je ne connaissais rien d'autre que cette normalité. Je vivais avec ma grand-mère sur la plus grande ferme du village. Je voyais ma mère les fins de semaines. Elle passait aussi me voir le soir en rentrant dans sa maison que je pouvais voir depuis la ferme. Mon père avait disparu en un trouble horizon.

Ce jour là, je suis rentrée chez moi blessée. J'en ai parlé à ma grand-mère qui m'a consolée et guidée les émotions bouleversées. J'ai commencé à prendre conscience de ma différence d'enfance. Au fil des années, à force d'affronter toutes sortes de préjugés, j'ai décidé d'apprendre à voir plus loin que le bout de mon nez.

Élargir mes horizons humains est une mission intérieure qui me porte de l'avant. Je crois que la richesse humaine ne se situe pas dans le monde matériel mais dans l'invisible de ces émotions qui font nos essences intérieures.

J'ai décidé de ne jamais juger avant d'étudier et de comprendre l'autre. Avant de m'en faire une opinion personnelle. Et cela prend toujours un certain temps en soi. Car les préjugés, c'est juste de la connerie, de l'ignorance et de la stupidité en boite.

Que sont les préjugés si ce n'est des notions de surface sans aucune profondeur intellectuelle? Des notions imbéciles nées de généralités ou de peurs collectives?

Mais parfois il y en a tant qui flottent dans l'air du temps qu'on peut en venir à se demander si ce n'est pas juste la norme humaine, et là... ça peut faire peur. En ces moments là, je me tourne vers la nature qui m'entoure et j'inspire...


Les préjugés, c'est comme le temps, les modes et les cultures, cela change et cela se transforme au fil du vent, des saisons et des générations.

C'est pour cela qu'il est si ridicule de se faire attraper en ses pièges. Malheureusement les préjugés semblent faire partie intégrante de notre humanité et ce n'est qu'en prenant conscience du combat à mener que l'on pourra un jour les éradiquer. En un futur lointain...

Mais un esprit à la fois peut peut-être faire une minuscule différence. C'est ce que je me dis en pratiquant cette nuance d'humanité. Préjuger ne sert à rien et je préfère ne pas m'en servir...

Prendre du recul, soigner les maux qui blessent la vie...


On commence tous l'année avec les meilleures intentions. J'ai commencé l'année avec les meilleures intentions de reprendre ma discipline d'écriture bloguesque. Et puis, Bang! Miss Soleil a récolté, durant une turbulente récréation, une commotion cérébrale relativement sévère le 4 février dernier. Notre vie a pris une trajectoire parallèle à la réalité à laquelle on s'attendait.

Dans le souci maternel qui m'a submergé, je me suis déconnectée. Pour mieux me concentrer à traverser la réalité de l'épreuve en cours. Miss Soleil a dû arrêter l'école. Elle est suivie à l'IRDPQ, La blessure prendra des mois à guérir. Tout est question de patience et tout se joue dans la discipline de repos et les divers processus de récupération. Elle ne reprendra l'école que l'année prochaine. Complètement remise, selon les espoirs que l'on cultive semaine après semaine.

Des semaines bien difficiles pour notre trio familial. Et comme l'on est toujours capable d'en prendre plus, mon corps a fécondé une situation de santé particulière qui m'a complètement mise à terre le mois dernier. De ces anomalies médicales dont mon corps a le secret. Après une courte chirurgie qui s'est bien passée, je serai remise sur pied sous peu.

Je blogue ici depuis 13 ans mais les cinq dernières années, une collection de problèmes de santé ont mis bien des bâtons dans les roues de mes habitudes virtuelles. Facebook m'a aussi permis de me replier en un espace plus privé, plus restreint. J'ai deux comptes FB dont l'un personnel, plus petit, qui fait une bulle invisible d'amis réels, Je m'y réfugie. Il y a tellement de façons d'utiliser les réseaux numériques qui font maintenant partie des textures de nos quotidiens...

Je n'aime pas les chemins tous tracés. Je ne suis pas fan des chemins qui se tracent pour que s'y déplacent des troupeaux de moutons bien ordonnés. Après tout, le virtuel n'est rien d'autre que les reflets divers de nos humanités partagées. C'est ce qui en fait la richesse, la beauté, le malheur et le danger. C'est ce qui m'attire.

Après treize ans de blogue en ce printemps 2016, j'ai dans l'idée de continuer l'aventure. À mon rythme. Selon mes conditions. Par curiosité. Par affection de ma langue. Car, toujours, je reste fascinée par ces dimensions virtuelles que l'on façonne en ce progrès qui nous entraîne vers le futur. Un futur qui m'attire autant que le passé peut me passionner.

Mais ce qui compte, c'est le présent. Le présent qui se vit et ensuite se réfléchit. Ainsi, en ce laboratoire de mots envolés, j'ai toujours eu la sensation de bloguer ma vie...