vendredi, mai 09, 2014
De mères en filles...
Bientôt la fête des mères. Une fête mi-douce mi-amère qui vient remuer mes émotions. Entre souffrances, bonheurs et inquiétudes, j'erre. Le bonheur d'être une mère pour ma fille, la souffrance d'être une fille rejetée par sa mère et l'inquiétude de ne pas savoir ce que me réserve le futur avec ma fille...
Je ne désire pas écrire sur la relation inexistante que je vis avec ma mère. J'en étouffe le besoin. Ce n'est pas un roman que j'ai envie d’écrire présentement. Je préfère écrire sur l'existence de la relation maternelle que je vis avec ma fille. Une relation que je construis avec beaucoup de réflexions. Tout comme je réfléchis souvent à celle que je n'ai jamais réussi à construire avec ma mère. Mes cicatrices d'enfance tracent le chemin de la mère que je suis.
Lorsque qu'arrive la fête des mères, toujours cette même tristesse qui remonte. Une tristesse ultra intime que j'avale avec amertume. Pendant des années, j'ai désiré créer une relation saine avec ma mère. En vain. Et puis un jour, la petite fille devenue adulte en a eu assez. Trop de blessures accumulées au fil du temps. Trop de rejets et de sensations de trahisons.
Et pour finir cette dernière conversation où elle m'a dit avec affront qu'elle n'avait plus envie d'être une grand-mère pour ma fille. Entendre ses explications et sentir les mots devenir un couteau qui lacère les entrailles. Puis réaliser que tout cela a un sens.
Combien de fois n'a-t-elle pas eu envie d'être mère avant de ressentir la non envie d'être grand-mère? Sûrement trop de fois pour les compter. Ce qui explique ces multiples incompréhensions que j'ai pu ressentir tout au long de ma vie.
Enfin, passé un certain âge, on finit par se faire une raison. On devient femme. On devient mère. On ne ferme pas sa porte mais on arrête d'aller cogner à une porte qui est rarement ouverte. Tout en sachant bien que l'autre ne viendra pas cogner à la nôtre.
On se fait une raison qui s'enrobe d'une profonde peine. On baume le mal en essayant de casser ce cycle malheureux qui nous perturbe. En prenant soin de tisser un lien émotionnel avec sa propre fille. Et en priant le ciel pour qu'il tienne la route...
Lorsque j'étais petite, ma mère (qui a trop peu de différence d'âge avec moi) aimait l'idée d'être mon amie. Elle n'aimait pas trop que je l'appelle maman quand elle me sortait. Elle trouvait que cela la vieillissait. En ce temps là, où elle aurait aimé que je l'appelle par son prénom, je refusais l'idée en bloc. Rebelle dans l'âme, lorsque je la voyais, je l'appelais maman deux fois plus. Ce qui n'aidait pas mon cas.
En vieillissant j'ai réalisé que des amis j'en avais plein mais c'est une mère que je voulais, pas une amie. Avec envie je regardais mes amies qui avaient des mères attentionnées. Je ne désire pas être l'amie de Miss Soleil mais j'espère le devenir une fois qu'elle sera adulte. Peut-être est-ce une transition possible passé 30 ans. Peut-être est-ce la transition qui entraîne la relation à son meilleur...
À l'orée de la fête des mères, on parle beaucoup de la relation mère/fille à son meilleur mais les relations mère/fille sont si complexes. Et lorsque la situation que l'on vit n'est pas à son meilleur c'est une fête qui vient remuer toutes sortes de noirceurs. Je me demande ce qu'est la norme. Est-il exceptionnel ou normal d'avoir une bonne relation avec sa mère rendue à l'âge adulte?
Ce qui est certain c'est que c'est une douce fête lorsque nos enfants sont enfants. Je vois ma puce prendre plaisir à me fêter, je la vois y mettre toute son affection. Cela me touche profondément. Je ressens toute l'importance que j'ai dans sa vie. Je prends soin d'apprécier les petits crafts qu'elle m'offre avec cœur.
J'accueille son amour avec tendresse. Je suis heureuse d'être sa maman. Et c'est ainsi que je choisis de passer la fête des mères, en m'imprégnant dans ce bonheur qu'elle génère en moi. Et en gardant espoir que le meilleur est à venir...
comme je te comprends (malheureusement). Enfin moi, ce n'est pas avec ma mère que j'ai des problèmes. Mais ce qui me peine le plus, c'est quand la jeune génération (Miss Soleil dans ton cas) en pâtit. Quoi qu'il se passe entre parent/enfant, ça ne mérite pas que les petits-enfants paient les pots cassés :(
RépondreSupprimerDepuis 25 ans à l'approche de juin et des épreuves du bac, je suis malade. La boule au ventre, la nausée, la tête prête à exploser... cette période me rappelle avec beaucoup de douleur la violence dont elle a fait preuve et l'indifférence face à au stress de cet examen pour moi. Elle ne connaissait même pas les dates des épreuvves et passait le plus clair de son temps à me dévaloriser... et puis cette année, pas malade, pas de boule dans le ventre. Mon fils ainé passe son bac, j'ai confiance en lui. j'ai noté toutes les dates sur mon agenda et partage avec lui cette dernière ligne droite... ou la première d'une autre série, peu importe. je suis là, avec lui, je l'aime, ét voilà. Tout ça pour dire qu'en devenant mère je ne sais pas si on efface mais on soigne nos blessures de filles, ça c'est sur. Sans modèle, ou avec le mauvais, on doit improviser chaque jour dans une relation inconnue à construire mais du coup on lui donne une dimension qu'on est seules à comprendre. Voilà, c'est juste ce que ton article m'évoquait ce matin...
RépondreSupprimerEl Padawan, je sais, et en ressens la culpabilité mais on ne peut changer autrui ou forcer ce qui n'est pas :( #tristeréalité
RépondreSupprimerVirginie, indifférence maternelle est destructrice à l'être. C'est aussi source de colère et sentiment d'abandon. J'ai aussi conscience de soigner mes blessures en étant la mère que je suis pour ma puce. Ma grand-mère a été une mère pour moi. Elle m'a permis d'en comprendre certaines bases, je lui en suis reconnaissante. Il est bien vrai que lorsqu'on a ni modèle à suivre ni soutien, l'inconnu dans lequel on évolue prend une dimension très personnelle. Merci de ces mots partagés que j'apprécie! :)
Juste... c'est ma grand mere qui m'a élévée et sauvée jusqu'à ce que ma mère me récupère. Mal et trop tard. C'est elle qui était là les 1à premières années, m'a appris le peu que je sais et a fini par venir pour les dernières épreuves du bac. Marrant ces coïncidences.
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