jeudi, janvier 31, 2013

Au coin de la langue...


Il y a trop longtemps que je n'ai pas ruminé ici l'une de ses expressions que j'affectionne. Tant de ses expressions en ma bouche prennent leur source en mon enfance.

Et je passe le flambeau à ma puce en me privant jamais de lui en dire. Assez pour qu'elle en pratique aussi le principe et me sorte parfois: "C'est une expressssion maman!". À chaque fois cela me fait sourire.

J'aime bien celle-ci qui me rappelle ces moments rassurants où ma Mère-Grand me racontait la vie. Lorsque toute petite fille je me pendais à ses lèvres pour essayer de comprendre le monde autour de moi.

Aujourd'hui je me rend compte que c'est l'extension de cette expression qui fait partie de mon langage personnel. Une expression que j'utilise bien peu, à tous les 36 du mois ou à chaque fois qu'une poule pousse une dent....

Cependant c'est l'une de ces expressions qui s'inscrivent en ma lange et en façonne la mémoire.

EXPRESSION via Expressio.fr
« Tout le saint-frusquin »

SIGNIFICATION 
Tout ce qu'on a d'effets et d'argent, tout ce que l'on possède. Par extension : tout le reste.

ORIGINE 
 Si la locution est attestée en 1710, d'abord sans trait d'union, le mot 'frusquin' seul est signalé en 1628 où, en argot, il désigne les vêtements, sans que l'on sache avec certitude pourquoi, son étymologie étant discutée. Mais deux choses sont sûres - Il en reste le mot 'frusques' toujours employé de nos jours avec le même sens, plutôt péjoratif, appliqué à des mauvais habits, des hardes - Le mot n'est plus utilisé isolément et n'apparaît plus que dans notre expression. 

Au cours de la deuxième moitié du XVIIe siècle, 'frusquin', toujours en argot, a également désigné l'argent. Du coup, sa signification a finalement englobé tout ce que l'on possède, vêtements et argent. 

Tout cela est bel et bien mais par quel miracle le 'frusquin' s'est-il trouvé canonisé ? D'où vient donc ce 'saint' ? Connaissez-vous saint Crépin ? Il y a peu de chances, sauf si vous pratiquez un métier bien particulier en voie d'extinction. En effet, ce saint est le patron des cordonniers. Or, il se trouve que, chez ces artisans, le saint-crépin désigne l'ensemble de leurs outils. 

C'est donc par simple analogie que le saint-frusquin s'est mis à représenter l'ensemble de ce qu'on possède. Et, par extension, lorsque notre locution est employée à la suite d'une énumération, précédée de 'et', elle veut dire "et tout le reste". 

EXEMPLE 
 « Gervaise aurait bazardé la maison; elle était prise de la rage du clou, elle se serait tondu la tête, si on avait voulu lui prêter sur ses cheveux. C'était trop commode, on ne pouvait pas s'empêcher d'aller chercher là de la monnaie, lorsqu'on attendait après un pain de quatre livres. Tout le saint-frusquin y passait, le linge, les habits, jusqu'aux outils et aux meubles. » Émile Zola - L'assommoir - 1877

Par +4 sous la pluie...

L’avantage d’un bon -30 c’est que cela fait apprécier la douceur d’un -10. Comme effet secondaire, le froid intense a aussi le don de transformer un +25 en paradis céleste et zéro en une paisible contrée...

Avec la douceur revenue, janvier s’achève. Je reçois une invitation VIP du Carnaval de Québec pour débuter février, cela me fait plaisir. On ne refuse pas une invitation de Bonhomme! De plus, je testerai sur le terrain la nouvelle App de la fête. Intriguée.

Miss Soleil s'en réjouit. D’ici là, la routine école, piges dodo (sans oublier le Pilates!) bat son plein. Rédiger en écoutant Songza tandis que la température continue de remonter allégrement pour passer au-dessus du zéro!

Les chats demandent enfin la porte et l’atmosphère embrumée par la fonte brutale embaume l’air que l’on peut enfin respirer à grosses bouffées. En cette fin de janvier la Miss fait ses devoirs sous les regards de ces petites figurines qu’elle a collectionnées au gré des œufs Kinder croqués.

Ah! Le bonheur de piger dans une boite d’œufs Kinder rosées spécialement conçue pour les filles!

Nous avons reçu deux boites d'oeufs Kinder. L’une dédiée aux filles et l’autre aux garçons. À noter que la page Facebook Kinder dévoile toutes les surprises de cette édition spéciale.

L’homme gourmand ne se gêne pas pour se servir du coté de la boite des garçons, il s’y approvisionne sous l’œil complice de sa fille. Et Miss Soleil féminine et coquette adore l’idée d’œufs Kinder de filles...

Toujours contente de trouver un bracelet ou une bague. Cependant ce qui fait vraiment son bonheur c'est de collectionner les petites figurines d’animaux de la forêt ou de la jungle "à la peau douce".

Ils supervisent ses devoirs au coin de son pupitre ancien. Comme je partage mon bureau de pigiste avec son pupitre d'école, je ne peux m’empêcher de sourire lorsque mon regard se pose sur sa collection enfantine. Bouffés d'enfance et de chocolat. Bouffées d'innocence et d'insouciance...

Aussi quand vient le temps de tester une application pour un article d’app mobile. Une idée de génie me traverse l’esprit! Et si j’en profitais pour donner vie aux bestioles?

En deux temps trois mouvements c’est fait. Rudimentaire mais fait. Six secondes d'animaux Kinder animés. L'enfant en moi s'amuse toute seule. Je montre la vidéo à la puce qui écarquille les yeux de bonheur en s’exclamant :

- Whaou, ils bougent! Whaou, c’est cool, comment c’est possible? Comment tu as fait maman? Est-ce qu’ils bougent pour vrai?

À sept ans l’imaginaire chevauche encore la réalité et j’en apprécie la magie. Je fais durer le plaisir et laisse planer le mystère…

- C’est un secret! Je ne peux rien dire pour l’instant…


Nota Bene: Ce billet s'inscrit dans le programme MamanKinder avec lequel je suis affiliée. Les opinions exprimées ici bas n’engagent que ma pomme des bois.

jeudi, janvier 24, 2013

Surfer la vague de froid...


Au Québec la froidure de l’hiver est présente chaque année mais certains hivers elle devient réellement intense. La température se fait extrême au soleil. Sous un ciel bleu profond, le vent congèle l’atmosphère. Alors arrivent les grands froids. Sous le soleil givré ils étreignent le temps qui pince l’humain qui s’y pointe.

Ces derniers jours, une masse d’air arctique stagne sur nos têtes. Un froid comme on en avait pas vu depuis 2005. Tout le monde en parle. Le froid fait les manchettes, il est sur toutes les lèvres et réseaux sociaux.

Quant à moi, bien au chaud, en mon cocon d'existence, j’apprécie l’aventure de la chose. Je mets peu le nez dehors mais chaque sortie extérieure devient vite une petite expédition qui me vivifie. Faire chauffer l’auto. M’habiller en mon kit de cosmonaute polaire. Et plonger dans le froid comme on plonge dans l’eau. Histoire de faire quelques brasses...

J’aime sentir la puissance de la nature sur nos petites vies. D’autant plus lorsque je me sens en sécurité. Tant que tient l’électricité. Tout est sous contrôle. En ces temps de grands froids l’électricité est à la source de ma zénitude. Je prends ma planche polaire et surfe les jours glacés sans grande difficulté.

J'écoute les consignes d'Hydro Québec afin de faire ma petite part pour ne pas surcharger le réseau. Trop reconnaissante du confort qu'il m'apporte. En ma bulle de chaleur j’apprécie la modernité de nos vies tandis que je respecte la morsure du froid, son danger, son étreinte qui enserre la maison. Son silence figé. Impossible de ne pas en distinguer la puissance.

À cette température le froid est un compagnon qui donne toutes sortes de leçons. Il enseigne le bon sens et la solidarité. Après tout, on est tous dans le même bateau et on vogue ensemble vers de plus chauds horizons.

À -40 dans le vent, non seulement on se sent vivant mais on est vite en mode survie si on ne fait pas attention à sa peau. La sensation que procure ce contexte me fascine. Je l’inspire. Et je me souviens de cette même impression extrême que j’ai ressentie dans les Keys, en Floride.


Là-bas, à l’autre bout du spectre météorologique, tout le monde parle aussi de la température. Je me souviens du moment où j’ai réalisé que si je pouvais survivre par -30 les doigts dans le nez, je me sentais pas mal plus démunie par +40! Et s'amuser de voir les gens parler de la chaleur comme l’on parle du froid.

Subjuguée par la similarité contraire j’étais. Et par les palmiers, les fantômes de pirates et l’architecture coloniale tropicale…

 Mais revenons à nos moutons givrés. Surfer la vague de froid qui nous glace pour en inspirer la beauté unique. Sa lumière exceptionnelle. Sa texture polaire. La fumée du St-Laurent qui s’évapore dans l’air du temps…

Et pendant ce temps la mère que je suis couve son enfant. Lui explique le froid. Observe son humeur insouciante pour qui la température est juste une autre aventure d’enfance. La regarde apprendre la vie.

Ces derniers jours Miss Soleil s’est pris un petit trip. Out of the Blue elle s’est mise à improviser des nouvelles de l’Agence QMI à sa sauce enfantine.

Amusée par la chose, je lui demande de me faire une nouvelle météo, sur le vif, alors qu’elle revient de l’école les joues toutes rosées. La Miss improvise et je craque…

mardi, janvier 22, 2013

Par -20 au soleil...


Inspirer l'air du temps entre deux textes technos et s'y glacer les dents! J'apprécie le quotidien de pigiste à la maison tandis qu'une vague de grand froid passe en nos latitudes nordiques. C'est une température à ne pas mettre un chat dehors!

Le froid est si présent qu'il en devient une entité en soi. Palpable, il englobe le présent et le fige sous un soleil éclatant. Le silence gelé de la nature endormie enrobe l’atmosphère polaire. Pas un des deux chats de la maison ne veut mettre un coussinet dehors.

L'une hiberne à moitié en faisant la tronche. Subtilement irritable, elle roupille à longueur de journée sur ma couette. Prière de ne pas la déranger. L'autre hume l'air congelé qui s'engouffre par la porte ouverte et décide de se rétracter pour se réfugier en son petit coin douillet où il peut y chasser des souris imaginaires.

À cette température là, Miss Soleil ne bronche pas quand vient le temps de s'habiller. Je lui explique rudimentairement le principe des engelures en lui disant qu'à ne pas se couvrir on peut y perdre des bouts d'oreilles, de nez ou de doigts. Impressionnée, elle me croit sur parole vu comment le froid est intense.

En guerriers du frette l'on enfile notre armure hivernale. Tuque, gants molletonnés, écharpe et bottes rembourrées sont essentiels à la survie. L'on sait tous bien comment la chaleur du corps s'échappe par les extrémités! Mais une fois bien emmitouflées on peut affronter l'extérieur avec courage et sans crainte.

Bien habillées vient alors le temps d'aller marcher au bout de la rue (pour aller attendre ce bus jaune qui rythme le jour) tout en s'extasiant sur le bleu du ciel qui se déroule à l'infini...

samedi, janvier 19, 2013

Un papa et une maman pour tous disent-t-ils...

De mon coin de brousse enneigée, j’écoute les brouhahas humains, certains m’inspirent. Beaucoup me désespèrent.

Je regarde la France s’enflammer sur le sujet de l’homoparentalité et je secoue de la tête en silence. Quand même dépitée.

Un papa et une maman pour tous. C’est sûr que c’est bien. C’est l’idéal. C’est Adam et Ève qui fécondent l’humanité. Cela a un petit gout de paradis. Je peux en témoigner.

Malheureusement la Terre n’est pas le Paradis. Si c’était le cas, on le saurait depuis longtemps! Faudrait quand même en revenir...

Si la vie sur Terre peut parfois parfois ressembler au Paradis, il y a aussi pas mal de purgatoire pour balancer. Et si on a de la chance, la vie est juste un long fleuve tranquille où s’épanouir paisiblement.

Bref, un papa et une maman cela veut tout dire et cela ne veut rien dire. Ce qui compte c’est la valeur et la qualité du parent pas son sexe (ni sa couleur d'ailleurs). Il y a bien des hétéros qui ne méritent pas leur enfant et on ne descend pas dans la rue pour autant!

Un bon parent est universel. Un couple gay peut tout aussi bien réussir à correctement élever son enfant qu’un hétéro. Tant qu’il y a de l’amour, de l’équilibre et du bon sens, tout est possible.

J’ai moi-même été élevée dans une unité de même sexe . Entre ma mère et ma grand-mère. Dans l’équation, c’était ma mère mon père et ma grand-mère ma mère. Petite, je ne réalisais pas tant l’incongruité de ma situation c’est en grandissant que j’ai commencé à mieux comprendre…

Le stigmate d’être une enfant de divorcée (avec père déserteur) était la tendance de l’époque. Au milieu des années 70, j'étais à l'école primaire. Dans un petit village du Jura. France profonde. Et je me souviens de ces quelques occasions où après avoir commencé à me lier d’amitié avec un autre enfant, celui-ci venait me voir pour me dire aussi gentiment que possible : « Mes parents veulent pas que je joue avec toi parce-que tu es une enfant de divorcés. » Mange ta claque ma fille.

Inutile de dire que le cœur me serrait à chaque fois. Tout autant que l’incompréhension de la chose. Je me sentais aussi humaine qu’eux. Je n'étais pas si différente. En quoi le divorce de mes parents alors que j’étais bébé changeait quelque chose à qui j’étais dans la cour d'école!?!

Interloquée, je choisissais de laisser glisser. Et puis plus je grandissais et plus le divorce devenait monnaie courante. Pré ado, je m’amusais à dire que j’étais élevée par deux lesbiennes tellement il y avait de l’œstrogène en ma parentalité. Être élevée par deux femmes me semblait normal puisque je ne connaissais rien d’autre.

À l’adolescence, le stigmate du divorce commençait doucement à s’estomper. Entre temps, je vivais ma vie avec les moyens à mon bord. Débarquée à Montréal à 14 ans, j’ai dû apprendre à me débrouiller de plus en plus seule. Même si c’est avec ma mère que j’avais immigrée, celle-ci avait d’autres chats à fouetter que ma pomme. Livrée à moi-même j'ai vogué.

À 20 ans, lorsque j’allais en sa maison je me sentais comme un vieux meuble. De celui que l’on a rangé au grenier et qui s’empoussière. De celui que l’on ne veut plus voir et qui dérange dans le salon. Bref.

À 30 ans, j’avais développé toute une philosophie personnelle sur la parentalité. Je commençais à y penser moi-même. À l’aube de mes 33 ans je suis devenue maman. Avec un papa et cette dynamique que les français brandissent sur leurs pancartes. Ces gens de bonne foi qui vivent avec les œillères de leur quotidien linéaire.

Aujourd’hui à 40 ans tout juste, je sais qu’être un parent n’est pas une question de sexe mais une question de cœur. De coeur et de volonté. D'abord il faut que le cœur y soit. Tant que le cœur y est, l’enfant est heureux. Ensuite la bonne volonté aide beaucoup. Et si l'intelligence y est, c'est le jackpot!

Qu’importe que deux parents soient homos ou hétéros, ce qui compte c’est la chaleur et l’attention avec laquelle ils élèvent l’enfant à leur charge. Tout est dans la bienveillance, pas dans l’orientation sexuelle!

Aujourd'hui ma puce de sept ans me parle de sa classe où elle y remarque beaucoup d'enfants de parents séparés. Cela donne sujet à conversation.

Je lis le témoignage d’une maman qui parle de sa fillette, traumatisée, par le comportement de certains enfants de sa classe qui se vantent d’être allés manifester. Ces enfants qui crient haut et fort les dires de leurs parents et qui expliquent combien c’est immoral d’avoir deux parents de même sexe.

La petite fille dans le coin de la classe souffre. Je peux la comprendre. En mon enfance, deux parents divorcés c’était immoral. Et regardez le monde aujourd’hui. Combien de ces adultes qui revendiquent dans la rue sont divorcés. Je miserais sur la majorité. Est-ce les mêmes dont les parents auraient manifesté contre le divorce si l’occasion s’était présentée il y a 40 ans?

Car si l'on regarde en face la souffrance de la petite fille seule dans le coin de la classe, ce n'est pas l'homoparentalité dans laquelle elle est élevée qui la fait souffrir. C'est plutôt ceux qui clament vouloir la protéger. Ce sont les préjugés sociaux qui la blessent et non sa réalité. Parfois la bêtise humaine semble sans fin...

Rendu là, en 2013, n’avons-nous pas l’intelligence collective de voir plus loin que le bout de notre nez? Plus loin que l’ignorance et l’intolérance qui font le côté obscur de l’humanité? 

N’avons-nous pas encore assez de bon sens pour réfléchir au fond des choses plutôt que de s’amuser à nager en surface, entre deux vagues de bêtises? Sommes-nous encore si petits?

La différence fait partie de l’humanité. C’est l’exception qui fait la règle et non seulement elle existe mais elle a tout aussi le droit d’exister que la norme qui fait la majorité. Et pour la majorité, cette différence est une richesse. Une richesse qu’elle devrait chérir plutôt que craindre. La différence n’a jamais tuée personne mais l’intolérance par exemple…

L’intolérance nourrit la haine qui construit ces violences qui font souffrir le monde en son entier. Et il n’y a rien de plus laid à mes yeux que d’offrir l’intolérance en héritage. Personnellement  je trouve immoral d'élever un enfant dans le venin de ces haines qui diminuent la qualité de nos sociétés.

Être parent c’est aimer avant tout mais c'est aussi apprendre à réfléchir, apprendre à réfléchir autrement qu’autour de son nombril. La tâche de guider un enfant qui grandit est complexe. Heureux sont ces enfants qui sont bénis d’adultes intelligents et responsables en leur vie. Et si ces deux adultes se révèlent du même sexe, aussi heureux que les autres il sont. J'en suis certaine. 

Et je me demande bien pour quelle raison les gens descendront dans la rue dans 40 ans. J'aimerais croire que cela sera pour de meilleures causes que celles de manifester l'intolérance et le jugement fermé...

Merci à Judith Lussier pour l’inspiration de son texte qui a fait jaillir de mes trippes celui-ci...

Une simple croix...

Par curiosité, je furète le site archaïque du village de mon enfance. En ses photos j'y retrouve la croix. Avec pour seule légende:  "Une croix". Heu...

Une petite révolte monte. Et mon coeur se serre alors que je revois ma grand-mère à coté de "sa croix". En fin de cinquantaine, elle a dû quitter la ferme familiale non loin de là. Installée en une vieille maison à quelques pas de la croix, elle s'était battue bec et ongles pour la sauver. Et elle en était fière...

Elle me disait: "Mais tu te rends compte ma cocote, c'est une croix mérovingienne! Et ils voulaient la détruire pour une histoire de jardin! Ha non alors! Pas de mon vivant!"



Il était question de voisin et d'agrandissement de jardin, une histoire abracadabrante enrobée de petite politique municipale véreuse. Je n'y comprenais rien et, à vrai dire, je m'en foutais. J''habitais de l'autre coté de l'océan en une mégalopole nord-américaine. Autant dire sur une autre planète.

Mais que j'aimais entendre la passion l'animer lorsqu'elle me parlait de la croix! Elle avait tant brassé d'air avec sa croix qu'elle avait finit par faire valoir l'obligation de la conserver. J'étais aussi fière d'elle. Quand même une croix mérovingienne cela se préserve! En ce village qui n'a guère de charme, c'est en effet un trésor...

En 1999, je suis retournée là-bas. La dernière fois. Et ma grand-mère m’a alors enfin montré sa croix. Avec tant de dignité et de fierté. Avec tout cet amour qu'elle éprouvait pour sa région, pour son coin de terre natal. Aujourd'hui, si loin, je regarde la croix. Je vois en mon âme son sourire lumineux. Son amour m’effleure le coeur qui s'ennuie d'elle.

Alors non. Ce n'est pas une simple croix. Non seulement c'est une croix mérovingienne mais c'est La croix de ma Mère-Grand. Car si elle se dresse encore là aujourd'hui, c'est parce-que ma grand-mère vouait un culte sacré à tout ce qu'elle représentait. À ce passé qu'elle respectait tant.

De son vivant Internet n'existait pas, en son honneur, je vais me cultiver un peu. Histoire de savoir ce qu'est vraiment une croix mérovingienne. Evidemment les objets mérovingiens datent de la Gaule. Et il est vrai que ma grand-mère était plus gauloise que française. Jurassienne et gauloise. Française par état de fait. Tout comme je me sens québécoise et canadienne de fait. La vie est étrange...

Avec plaisir, je découvre d'autres croix mérovingiennes qui ont échappées au carnage du temps. J'apprends que l'on dit ces croix mérovingiennes du fait de leur aspect frustre et leur forme pattée. Elles dateraient du Moyen Âge. Maintenant que j'y pense c'est en effet ce que me disait ma Mère Grand. Ce sont des croix de chemins. Mais elles semblent bien mystérieuses, difficile d'en apprendre beaucoup sur le sujet sans y passer plusieurs heures.

Je regarde une autre fois cette photo en l'archivant en ces mots. 2001 en ses crédits. Ma grand-mère s'est éteinte en 2006. À l'âge de 73 ans. Usée par une vie de labeur, de générosité et d'humanité. Mais en 2001 elle était encore vivante et elle habitait encore là.

Comme une tape invisible sur l'épaule. Je souris. Je regarde les pots de fleurs qui entourent la croix. Je souris. Mais bien sûr! Ce sont ses fleurs. Comment pouvais-je oublier avec quel soin elle fleurissait cette croix.

Tout comme elle s'occupait avec coeur des tombes de ses ancêtres. Une tradition disparue en mon quotidien déraciné et replanté. Mère-Grand, tu me manques tant....

Mais tant que je vivrais, tu vivras en moi. Ta mémoire je transmets à ma fille que tu ne connais pas. Et un jour, promis, je l’emmènerai voir la croix et je ne manquerai pas de lui raconter son histoire. Ton histoire. Notre histoire.

J'irai fleurir ta tombe et je pleurerai sûrement comme une madeleine. Juste à y penser les larmes naissent. Mais j'irai aussi fleurir la croix et alors je sourirai en pensant à toi...

vendredi, janvier 18, 2013

Au coin de mon bureau...


Aspirée cette semaine par un bon rhume qui m'a mise KO, j'ai médité sur ce petit coin de Toile où je n'écris pas assez.

J'ai médité sur cette discipline bloguesque que j'ai le goût de reprendre en main.

Car il n'y a pas photo, désormais entre les réseaux sociaux et le train train du quotidien, il est de plus en plus facile de déserter son petit blogue perso!

Aussi l'utilisation d'un blogue en 2013 est bien différent de celui que l'on en faisait en 2003.

S'adapter à de nouvelles habitudes numériques et poursuivre la route du futur qui nous emballe. Apprivoiser de nouvelles façons de fonctionner.

Et toujours l'envie de nourrir ce petit blogue sans pretention subsiste. C'est bon signe pour sa survie...

À la source de ce blogue est l'écriture. L'écriture sous toutes formes. En fictions ou pensées partagées, en quotidienneries et cartes postales d'humanité. Sans oublier les photos archivées!

Entre deux réflexions sur le sujet, je me dit: "Tiens, cela pourrait être sympa de commencer l'année avec un billet de photo de bureau. Voilà des années que je ne l'ai pas fait!" 

Aujourd'hui, alors que je reprends du poil de la bête et du service de piges, je tombe sur le défi des bureaux d'écriture de Zone d'écriture de Radio Canada...

Alors que la scribouilleuse en ma peau prendrait bien le temps de participer au prix du récit, je ne sais ce qui me manque: le courage d'écrire ou l'énergie de le faire. À moins que cela ne soit le temps d'inspirer et de m'y appliquer...

De fil en aiguille je pense à cette nouvelle qui sortira bientôt en une anthologie de la revue le Bilboquet. Ce même collectif littéraire où avait été publiée ma nouvelle intitulée "Compères Angéliques". Une nouvelle qui avait été nominée au prix Aurora 2005.

Ressentir cruellement ce manque d'écrire. Ce manque de développer ces idées qui galopent en mon sang. Ce manque de laisser courir les mots comme des chevaux sauvages en Camargue...

Tout en griffonnant des idées éparpillées en mon calepin Ketto, je mijote la suite des choses. Et voilà que le défi de Zone d’écriture tombe à point. En deux temps trois mouvements croquer une photo et y ajouter quelques mots. Simple comme bonjour!

Envoyer le tout à l'adresse indiquée, se faire "pinterester" et prendre le temps de bloguer cette idée commune...

En profiter pour fureter les archives de ce jardin peu secret et retrouver mon bureau de 2004 où j'y déposais mes bottes funky d'universitaire. Et celui de 2008 qui occupait un coin du salon. De ce coin d'où je suis revenue à la vie professionnelle après quelques années de mamamitude concentrée.

Et maintenant celui de 2013 qui est installé dans l’ancienne chambre de bébé de la puce. Une petite pièce avec une grande fenêtre...


« Mon bureau de verre est mon cockpit de travail où je rédige piges, nouvelles et libres écritures. Derrière ma fenêtre la forêt déroule son impénétrable calme. Écrire entourée de ces objets qui me font sourire: un pot de lucioles solaires, quelques coquillages, une schtroumpfette ou une Cadillac rouge miniature, des images aimantées, des souvenirs qui s’épinglent. Et une tête de Buddha pour inspirer des souffles de zénitude… »

vendredi, janvier 04, 2013

Nouvelle année, nouvelle décennie de vie...


Le temps de cligner quelques paupières et voilà, 2013 est là! Fidèle à ses habitudes, Noël est passé en un tourbillon de vie et voici que débute une nouvelle décennie pour ma pomme des bois.

Après avoir célébré la non fin du monde, je me suis déconnectée quelques jours. Le temps de laisser fuir les jours entre les soupers entre amis, les activités hivernales et les moments précieux en trio familial.

Plein air, enfance, amitiés partagées...

Cette année encore, Miss Soleil croit au Père-Noël. Je savoure ces dernières années à jouer à mère Noël...

Et puis je dévore quelques livres et je profite de l'instant présent. Après avoir été bien sage durant des mois durant, je laisse les démons de la gourmandise prendre le dessus pour croquer à pleine dents dans un Panetonne!

Entre deux excès de foie gras, je rechausse mes skis de fond pour retrouver les sentiers qui s'enfoncent dans le calme tranquille de la forêt. En cette quarantaine qui m'ouvre les bras, je veux retrouver une forme qui m'échappe depuis la naissance de mon enfant. J'apprécie le cardio qui fait glisser mon corps engourdi entre les arbres.

Et il y a ces jours de conditions idéales où la forêt s'enchante et l'on succombe aux charmes du soleil après la tempête. Miss Soleil nous accompagne pour sa première expédition du genre. Cinq kilométres plus tard, les parents sont pas mal fiers de leur progéniture....


La miss profite de ses vacances d'hiver pour rechausser ses patins, faire de la luge et du ski alpin. L'hiver nous fait la fête. Depuis la mi décembre, les tempêtes s’enchaînent pour recouvrir de blanche neige le paysage qui s'endort dans le froid. Un froid qui, quand il dégringole passé moins vingt, devient juste frette! Brrrr. Puis il remonte à moins huit et l'on a presque chaud...

Entre deux activités de plein air, l'on découvre le nouveau Kirikou. Bouffées de chaleur et de poésie. Qu'il est bon de retrouver le temps de vivre. Sans courir à droite ou à gauche pour se conformer à l'horaire de la routine ou stresser sur les délais de mes textes à rendre. Avec ce temps des fêtes, l'on prend le temps d'être.

À force de se coucher tard la Miss décale son rythme tant et si bien que là voilà qui fait des grasses matinées. Cela aura pris sept ans pour retrouver le luxe de se réveiller à dix heures du matin! Oh! Bonheur! Un bonheur dont on abuse un peu...

Et 2013 est là. Avec lui, mes quarante ans se dessinent. Nouvel an. Jour d'anniversaire. Quatre bougies pour quatre décennies de vie. Montréal. Au coeur du centre ville, j’enjambe l'année du haut de notre chambre située au dix neuvième étage d'un hôtel quatre étoiles. Sur le balcon qui surplombe la ville illuminée, je contemple l'horizon.


Le vrombissement sourd qui s’élève de la ville est comme un ronron urbain qui me rappelle à mon adolescence passée non loin de là. Au coeur de la ville. Avant de migrer sur le Plateau Mont-Royal pour mieux y mordre ma vingtaine....

Un mot phare par décennie

À chacune des décennies qui me font grandir et vieillir, depuis ma vingtaine, un mot phare en dessine la saveur existentielle. Un mot que j'accroche peu de temps avant le nouvel an qui marque mon anniversaire. Un mot qui résonne si fort en mon sang qu'il se transforme en un drapeau de vie invisible. Dans le bateau de mes jours, ce mot est comme un phare qui me guide dans les tempêtes.

Ainsi ma vingtaine a été marquée par le mot "liberté" puis la trentaine est arrivée. Avec ma liberté apprivoisée et maîtrisée, un nouveau mot s'est façonné à mes sens: "équilibre". Une décennie à en apprivoiser le principe. Puis depuis quelques mois un nouveau mot se forme en mes entrailles pour me diriger vers cette quarantaine qui m'effraie un chouïa: "attitude".

Étonnement sereine, je traverse cette nouvelle étape choyée par mes amis et mon homme. J'oscille un peu entre pleurnicher ma jeunesse qui se fane et croquer en cette sagesse que je pressens. Comme je n'ai plus l'âge de pleurnicher, je décide de croquer. Attitude.

Contrairement à ce que j'aurais cru à 25 ans, 40 ans n'est pas la mort! Au contraire, j'ai la subtile impression d'avoir survécu! Avec l'âge vient la compréhension des choses, l'âme s'apaise. Et peut-être qu'il ne reste plus qu'à cultiver les graines semées tout au long de son existence? C'est tout ce que j'espère. Cultiver, récolter et continuer de semer...

En souhaitant une belle année 2013 à tous ceux qui viennent picorer ces mots que je jardine en ce coin de Toile depuis une décennie. Qu'elle soit remplie de joies tripatives!

*En 2013 j'adopte l'adjectif barbare tripatif en mes usages linguistiques! Inventé par Jacques Languirand, il signifie ce qui fait voyager, dans la tête et dans le cœur...

Quand j'ai commencé ce blogue, j'avais pour objectif de tenir la route virtuelle durant dix ans. Mais qui sait? Peut-être bien que je vais continuer de planter ici ces graines d'idées qui font ces mots qui s'envolent au fil du temps...