De la difficulté de revenir...
Revenue au lac depuis deux semaines, je peine à reprendre le fil de ces mots que je cultive en ce coin de Toile.
Revenue avec le printemps encore timide, je m'étire en sa compagnie...
C'est que lorsque l'on vit de l'extraordinaire durant un certain temps l'ordinaire retrouvé est d'un coup bien fade.
En 8000 kilomètres, l'aventurière en mon sang a repris les brides pour profiter au maximum de ce voyage américain. Même la pirate a repris vie au bout de la US1!
La nomade est revenue à la vie. De retour en son quotidien, elle a de la difficulté à lâcher prise...
Partir est facile, revenir l'est moins. Cette pige si cool a transformé le travail en plaisir. Délicieuse sensation. Un voyage où la conciliation travail famille était à son meilleur. Un voyage où les palmiers étaient de la fête.
En quelques jours, l'homme s'est adapté au rythme effréné du voyage. Il a vite réalisé la frontière entre le voyage de presse et les vacances. Il a accepté le rythme que cela impose. Et il a si bien fait cela que je le ramènerais avec moi sans aucune hésitation!
Miss Soleil a juste eu besoin de profiter. Stimulée, fatiguée, dépaysée, la puce a vécu l'aventure avec joie. Il faut dire que c'est une petite roadie hors pair qui se plaint à peine des longues heures de route qui nous font parcourir la Floride.
Au cœur du voyage, elle s'exclame: " Maman, on fait tellement de choses que j'ai plus le temps de penser à faire pipi!".
Je souris. Mission maternelle accomplie.
En voyage, l'on vit des moments d'exceptions. Ces moments soudent la famille que nous construisons, année après année...
Ces moments cimentent les failles causées par les différents obstacles de la vie. Routines, ennuis de santé, soucis en tout genre..
En fait, ce voyage fut si merveilleux que revenir est douloureux...
D'autant plus que la Miss a attrapé une gastro deux jours après avoir repris l'école. Bon retour à la maison les parents!
En rentrant, je reprends mes piges technos tout en continuant d'écrire sur le voyage.
Mon corps est revenu mais ma tête, pas tout à fait. Je me replonge dans ces milliers de photos et je range soigneusement les souvenirs en mon sang.
J'en profite pour apprécier les bienfaits de l'aventure en ma peau. Je prends le temps de digérer toutes ces sensations, de les insérer en mon âme et conscience.
J'adore prendre la route. Avaler les kilomètres et voir défiler les paysages. Absorber l'inconnu qui nous emmène là où nous porte l'aventure...
Mon fantasme ultime serait de prendre la route pour 3 à 6 mois, traverser l'Amérique de long en large et d'écrire au fil des rencontres, des inspirations, des réalisations.
Je n'ai pas le pied marin mais j'ai définitivement l'âme d'une roadie!
I'm a beatnick at heart! Loving the wide open spaces and the poetry that comes from the road...
Heureusement que le printemps fait son œuvre de renaissance pour m'aider à revenir. Il aide à conjurer cette nostalgie qui m'évade. L'appel de la route reste ancré dans mes idées. À quand la prochaine aventure?
Mais avant de penser à repartir, il me faut habiter de nouveau le quotidien. Mon quotidien. Celui qui fait pousser toutes ces graines que l'on a planté en notre terreau nordique. Graines de couple, graines parentales, graines d'enfance, graines d'amitié, etc.
Entre deux sapins, quelques bourgeons et un lac calé, la vie reprend son cours. Et je reprends la plume...