Chroniques de petite enfance
M’zelle Soleil est très bavarde (non, non, non, elle ne tient pas du tout cela de sa mère!!!), elle cause, elle cause et elle cause encore! Même sa gardienne n'en revient pas de l'énergie de ma petite pipelette. Dieu qu'il m'est difficile de me détacher d'elle! J'étire ce cocon qui la protège, la maman poule boude.
Très observatrice, elle ne rate pas une miette des heures qui la voient grandir. Elle absorbe, elle digère, elle régurgite toutes ces informations diverses qu'elle assimile jour après jour...
Je peux la regarder de longues minutes sans me rendre compte une seconde du temps qui file. Elle m'ensoleille l'hiver. Elle ne s'arrête pas souvent de bouger, elle saute, elle coure, elle papote, elle se fend la poire...
Toujours de bonne humeur, elle enjolive notre quotidien bien plus qu’elle ne le complique. Elle me demande :
- C’est qui a donné le coyier à maman?
- C’est papa pour mon anniversaire.
- Ah oui. C’est paré, réparé le coyier maman?
- Oui, c’est Vanessa qui a réparé le collier alors je ne veux plus que tu y fasses de nœuds!!!
Assise sur le divan elle me fait une place et tapote l’espace vide en m’appelant :
- Yiens Maman, yiens…
Je m’assois à ses cotés. S’en suit une séance de lecture enrobée d'attentions partagées. Elle lâche son livre. Elle grimpe sur mes genoux. Elle pointe le doigt sur ma poitrine et demande :
- C’est qui?
Avant que je n’ouvre la bouche elle répond :
- C’est mamie Zuzanne!
Puis elle pouffe de rire tandis que je mime un air déconcerté. Je lui demande en posant le doigt sur son épaule :
- C’est qui ça?
Elle me répond du tac au tac :
- C’est Lily-Lune!
Elle éclate de rire. Son rire est comme un rayon de clarté qui m’illumine de l’intérieur. Je ris avec elle de bon cœur. Je la chatouille jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus. S’appeler Lily-Lune est l’un de ses trucs qu’elle a découvert toute seule, l’un de ses trucs de charme qui nous fait craquer à chaque fois. Elle me dit « c’est grôle » lorsque quelque chose l’amuse et « c’est kool » lorsque quelque chose lui plait. Elle me chante toutes sortes de chansons qu'elle connait par cœur. Elle fait jaillir en mon être des trésors de tendresse. De la douceur à l'état pur. Elle est ma gourmandise et je la croque d'amour. Elle est en complète adoration devant son père. Lorsqu'il passe le pas de la porte, elle s'écrie « paaaaapaaaaa» si fort que mes tympans se percent! Dans ces moments là, c'est comme si un spasme d'affection lui parcourait le corps tout entier!
Lorsqu'elle fait une bêtise du style écrire par inadvertance sur le divan crème, elle s'exclame d'une toute petite voix fautive « padon maman, padon » dès que je commence à la gronder et je dois rassembler toutes mes forces pour rester ferme.
M’zelle Soleil assise sur sa chaise attend que je finisse de préparer sa soupe. Elle blablate, toute occupée à ma tache je suis distraite et ne l’écoute que d’une oreille. Je passe devant elle qui m’interpelle :
- Lily pleure maman! Ouoin ouin. Lily pleure…
- Lily pleure? Ben pourquoi?
- Ben… heu… capice…
N’importe quoi sous le soleil, je rigole et elle se marre avec moi. C’est une petite coquine peu capricieuse qui adore faire la comique. Dans les deux minutes qui suivent elle m’observe et me dit:
- Ze t’aime maman…
Comment est-ce que mon cœur pourrait résister??? La relation qui nous lie est d’une intensité telle que j’en perçois la profondeur sans être en mesure d’en voir le fond. J’aime tant cette complicité qui nous unit. Lorsqu’elle se colle contre mon corps, je peux encore ressentir ce temps où elle était sous ma peau. Née de mon ventre, elle remplit ma vie de sa lumière enfantine. Depuis quelques jours, dès que je ne lui porte pas attention, elle vient me voir et me demande :
- Kétefait kétefait maman?
C’est la nouvelle ritournelle de la semaine « Kétefait » accompagné de plus en plus souvent d’un « poukrooiii ou pooouuuproi » qui me déroute un peu. Je me lance dans les explications de ce que je fais, ça c’est facile mais les pourquoi sont souvent plus complexes! Je ne pensais pas que les « pourquoi » arriveraient si tôt. Nos premières conversations prennent forme. Je ne monologue plus. Elle atteint une maîtrise de langage et de compréhension qui nous met de plus en plus souvent bouche bée. Il me semble qu’elle grandit à la vitesse de la lumière. J’ai peur de cligner des yeux et me retrouver avec une femme devant moi! C’est donc vrai que plus l’on vieillit, plus le temps nous file entre les doigts!?! Serait-ce pour cela qu’il est si important d’accrocher (d'apprécier) le présent?
Elles se ressemblent, nos filles, j'ai l'impression.
RépondreSupprimerDernier fou rire en date, elle adore le riz. Je lui en propose donc pour le déjeuner hier, à quoi elle s'exclame "ah oui ! youpi ! duri !".
Riz, préparé, donc, et mêlé d'un peu de poisson, je lui fais goûter et lui demande si c'est bon, le riz avec le poisson (je connais la - sa- réponse, en principe !), et elle me répond :
"E poisson, é bizarre !"
Evidemment j'éclate de rire, appelle son père pour partager notre hilarité. Entre deux hoquets je lui explique ce que veut dire bizarre.
Elle enchaîne donc pendant tout le repas :
"E poisson é bizarre. E pas comme labitude. E drôle le poisson"
A mon avis on pourrait leur trouver un job au cirque, à nos pitresses !
Comme je ressens ça aussi, l'accélération du temps ! plein de sourire à te lire, c'est bon. merci.
RépondreSupprimerAnne, la mienne aussi sa eu sa phase où le mot bizarre revenait à toutes les sauces! J'aime tant écouter cette petite voix qui s'affirme. La tienne a aussi l'air d'une bonne pipelette en formation! Je sens que nos oreilles vont bientôt nous chauffer, on a pas fini d'en entendre! ;) Bien d'accord avec toi pour le cirque, en plus Lily est une acrobate en herbe! Ça promet! Mais ce que je trouve le plus craquant c'est lorsqu'elle chante des couplets par coeur....
RépondreSupprimerLuciole, ah l'accélération du temps, depuis qu'elle est née, c'est un concept qui s'incruste dans mes sens. J'imagine que la tienne va bientôt commencer à papoter à plein tube! Merci à toi de ce petit mot empli de chaleur humaine...